Comme pour de nombreux jeux populaires, le mode Fortnite a tôt fait d’attirer les tricheurs : « Pour commencer, travailler sur le problème de tricherie sur Fortnite a la plus haute priorité pour Epic Games. Nous nous battons constamment contre les tricheurs eux-mêmes et les fournisseurs de triche. Nous explorons toutes les mesures pour nous assurer que ces tricheurs sont retirés et restent éloignés de Fortnite Battle Royale et de l'écosystème Epic. Nous ne voulons pas donner trop d'indices sur ce que nous faisons, mais nous déployons des outils et continuerons à le faire. Des milliers ont été bannis et nous n'avons aucune intention d'arrêter », a déclaré le coordonnateur communautaire Nathan Mooney.
En outre, Epic Games est allé encore plus loin en décidant d’emmener des tricheurs devant les tribunaux : le 13 octobre dernier, une lettre de mise en demeure a été remise à deux récidivistes, accusés d’avoir enfreint le copyright du jeu en modifiant son code source et leur faisant valoir qu’ils risquaient jusqu’à 150 000 $ de dommages statutaires.
L'un des accusés est un mineur qui a été banni au moins 14 fois depuis qu'il a commencé à jouer. Chaque fois qu'Epic prenait des mesures, il créait simplement un nouveau compte sous un faux nom et continuait à jouer et à tricher sur Fortnite.
Au lieu de répondre à la plainte par l'intermédiaire d'un avocat, c'est la mère de l'enfant qui est sortie pour sa défense. Dans une plainte rédigée à l’intention du juge Malcom J. Howard, elle a déclaré que « Cette société est en train d'essayer de poursuivre un enfant de 14 ans ».
En outre, elle souligne qu'Epic n'a aucune preuve que son fils a modifié le jeu et violé la loi sur le droit d'auteur dans le processus : « Caleb a obtenu ces cheats sur un site Web public, qui n’est pas affilié à Epic Games, et a utilisé ces cheats pendant une session de jeu en live stream sur YouTube. Je rappelle qu’il y a une multitude d’individus qui ont fait, et continuent de faire, la même chose tandis que je rédige ces lignes. »
Plus important peut-être, elle souligne que l’accord EULA, sur lequel l'éditeur du jeu s'appuie fortement dans la plainte, n'est pas juridiquement contraignant, et ce pour deux raisons :
- la première, l’accord EULA est signé entre une entité qui accorde une licence et un acheteur, établissant le droit de l’acheteur à utiliser le logiciel. Ceci étant dit, le jeu en lui-même étant gratuit, aucun achat dudit jeu n’a été fait ;
- la seconde, l’accord EULA stipule que les mineurs ont besoin de la permission d'un parent ou d'un tuteur légal, ce qui n'est pas le cas ici.
« Veuillez noter que le consentement parental n'a pas été donné à [mon fils] pour jouer à ce jeu gratuit produit par Epic Games, INC », a insisté la mère dans sa lettre, rappelant que Caleb n’a pas été émancipé juridiquement parlant.
Epic a affirmé que les tricheurs lui font perdre de l'argent, mais la mère n'a pas été d’accord avec cet argument : « Ce n’est techniquement pas possible. Ce que je pense c’est que, à cause de leur incapacité à empêcher les cheats codes d’interagir avec leur logiciel, ils utilisent un adolescent de 14 ans comme bouc émissaire pour en faire un exemple. »
Pour la mère Epic devrait s’en prendre aux sites qui partagent les codes de tricherie plutôt qu’aux individus qui les utilisent.
Elle précise que l’éditeur a révélé le nom et le prénom de son fils au public. Cela constitue une infraction à la loi sur la protection de la vie privée des mineurs.
Et elle s’étonne également de voir Epic réclamer de l’argent à son fils qui n’a pas obtenu de revenus suite au streaming de sa session de jeu sur YouTube.
Une plainte qui a obligé l’éditeur à réagir. Epic assure avoir en réalité envoyé la mise en demeure suite à la diffusion par le fils de la vidéo YouTube promouvant le logiciel de triche. Epic a donc signalé une infraction du copyright.
Le jeune utilisateur aurait alors effectué une contre-demande afin de maintenir sa vidéo en ligne. La seule solution conforme au DMCA pour retirer la vidéo était donc d’envoyer cette lettre de mise en demeure à l’intéressé.
Source : Epic Games, plainte de la mère (en PJ)