Un développeur logiciel du nom de Fredrik Norén qui a longtemps contribué dans l’open source souhaite innover en proposant une alternative qui permettrait aux créateurs d’être payés pour leurs œuvres. Il défend l’idée selon laquelle rémunérer le travail des contributeurs est la seule façon réaliste de leur donner envie de continuer, mais aussi une source de motivation potentielle pour d’autres gens qui souhaiteraient rejoindre la communauté de l’open source.
Fredrik Norén, ce développeur allemand à l’origine notamment de Ungit, un client graphique open source pour Git, estime « qu'il est important qu'il y ait des moyens simples pour les gens qui créent des choses de gagner de l'argent à partir de ce qu'ils créent. C'est important, à la fois pour que les personnes qui sont déjà engagées dans la création de choses puissent continuer, mais aussi pour que les personnes qui veulent passer leur temps à créer des choses voient cela comme un avenir réaliste pour elles et l'essaient réellement. Cela est vrai dans tous les domaines de la création, allant des jeux à la musique en passant par les logiciels. »
La non-rémunération du travail direct des créateurs rendrait le monde de l’open source moins attractif selon Fredrik Norén. En effet, il estime que « s'il n'y a pas de véritables options financières pour les fabricants indépendants dans ces domaines, nous verrons moins de gens tenter leur chance, et donc moins de nouvelles expériences ». Selon lui, le manque de moyens financiers peut pousser les créateurs à n’explorer que les créations les plus sûres, à savoir celles qui pourront indirectement apporter de l’argent. Cela peut passer par des aides, des soutiens ou encore des contrats de maintenances pour un produit approuvé qui est utilisé par de grandes organisations par exemple. Cela a forcément un aspect pervers pour les créateurs des contenus plus modestes dont le succès n’est pas garanti à cent pour cent.
Fredrik Norén affirme que le monde du « jeu mobile en est un bon exemple aujourd'hui ». Il poursuit en déclarant qu’« il est pratiquement impossible pour les petits jeux de survivre, de moins en moins de gens essaient de nouvelles choses. Les quelques-uns qui essaient de construire des jeux mobiles sont attirés par des jeux addictifs, basés sur des microtransactions, car ils sont apparemment la seule chose qui peut faire de l'argent ». L’objectif de l’initiateur du concept de Faircode serait donc d’« éviter cela pour le logiciel ». Fredrik Norén affirme qu’il « veut que les gens sentent qu'ils peuvent construire une petite chose utile et avoir une chance réelle de gagner leur vie. Il ne devrait pas avoir besoin d'être forcément grandiose. » La conviction de ce développeur passionné est que « certains logiciels sont utiles et devraient exister, même s'ils ne sont pas destinés à être le prochain Google. »
Le développeur déclare que « la façon la plus simple de monétiser quelque chose est de facturer cette chose elle-même. Je pense que facturer d'autres choses autour du produit (par exemple les microtransactions dans les jeux) ou même facturer d'autres clients (vendre de la publicité sur les médias sociaux, en faisant du client le produit) conduit finalement à des incitations mal intentionnées. Si vous faites de l'argent à partir de ce que vous créez, alors l'incitation pour vous est de faire la meilleure chose que vous pouvez pour votre client. »
Fredrik Norén souhaite que ce système soit une alternative sérieuse permettant aussi bien aux grandes entreprises ayant des moyens colossaux qu’aux particuliers et aux petites entreprises ayant des ressources financières limitées d’accéder au même titre à des logiciels. La solution que propose l’initiateur de Faircode aux créateurs pour garantir cet accès égal à des logiciels est de facturer leurs logiciels, « mais de les facturer seulement pour les grands groupes qui, par définition, ont de l'argent, car étant des entreprises commerciales prospères. » Pour les particuliers et les petites entreprises, Fredrik Norén propose aux créateurs de logiciels de les laisser « disposer gratuitement de leurs logiciels pour qu'ils puissent aussi réussir. »
Pour voir cette initiative aboutir un jour et être adoptée par le monde de l’open source et les utilisateurs de logiciels, notamment les grandes entreprises commerciales, il faudrait opérer un changement de mentalité, souligne l’initiateur de Faircode. En effet, selon lui, « dans le monde du logiciel, c'est presque un tabou de facturer son logiciel quand c’est un logiciel open source ». Selon la définition de l’Open Source Initiative d’un logiciel open source, la vente du logiciel le sortirait du cadre de l’open source. Fredrik Norén estime que « nous devons nous débarrasser de ce tabou ». Il souligne qu’« il est trop fréquent que les gens ne regardent même pas les logiciels s'ils coûtent de l'argent, quel que soit le coût. » Or, poursuit le développeur, « payer pour un logiciel devrait être vu comme une bonne chose; quelque chose qui permet aux développeurs de vivre et de travailler. »
Outre le changement de mentalité pour mener à bon port cette initiative, il est indispensable d’offrir aux développeurs un cadre et des outils pour faciliter leur travail. « Je ne pense pas que nous ayons besoin de quelque chose de fantaisiste », déclare Fredrik Norén. Cependant, il faudrait que ce soit un outil permettant de configurer facilement son projet, qui permette de recevoir des paiements et notifier des demandes de paiement aux utilisateurs, ajoute-t-il. Fredrik Norén affirme travailler également à la mise en place d'une « licence simple et standardisée » pour permettre ce qui a été mentionné plus haut.
Fredrik Norén précise néanmoins que Faircode n’a pas pour ambition de remplacer l’open source, mais que l’idée est de lui proposer une alternative. Selon lui, cela pourrait permettre à « beaucoup de gens de vivre en tant que petits créateurs de logiciels indépendants ». « Je pense que c'est aussi très prometteur pour les entreprises, en contribuant avec relativement peu d'argent, ils peuvent permettre aux personnes qui fournissent leurs éléments de base d'investir beaucoup plus de temps et d'énergie dans ces composants, les rendant ainsi plus rapides et plus fiables » ajoute-t-il.
Source : Billet de blog
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Le , par Victor Vincent
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