L’application de messagerie instantanée WhatsApp est utilisée par un milliard de personnes. Elle a été lancée en 2009 par deux anciens ingénieurs de Yahoo dans le but de remplacer le SMS. Après son énorme succès, l’entreprise a été rachetée par Facebook pour la somme de 19 milliards de dollars (22 milliards après une appréciation des actions de Facebook). Après ce rachat, les fondateurs avaient promis que l’application conserverait sa marque et son siège social à Mountain View, et continuerait de fonctionner indépendamment, en parallèle à Facebook Messenger.
Un an après leur premier avertissement, les régulateurs de la vie privée de l'Union européenne ne sont toujours pas satisfaits de la façon dont WhatsApp répond à leurs inquiétudes concernant le partage de données des utilisateurs avec Facebook.
Pour rappel, en août de l’année dernière, l’entreprise a changé ses conditions d’utilisation, en permettant aux entreprises d’envoyer des messages directement aux utilisateurs. WhatsApp a également annoncé son intention de partager les numéros de téléphone de son énorme base d’utilisateurs avec Facebook. « Nous allons explorer des façons dont les entreprises et vous pouvez communiquer ensemble […], comme passer des commandes, effectuer des transactions, obtenir des informations de rendez-vous, recevoir des bons et avis de livraisons, être informé des mises à jour de produits et services et du marketing », expliquait alors WhatsApp sur son site.
Toutefois, l’entreprise a précisé que les bannières publicitaires de tiers indépendants ne seront pas autorisées sur la plateforme. WhatsApp a justifié cette décision par le fait que les marques auront la possibilité d’envoyer des messages pouvant « contenir une offre pour quelque chose qui pourrait vous intéresser ». Alors que le partage des numéros de téléphone avec Facebook servira à « faire des suggestions de produits (par exemple d’amis, de connexions ou de contenus intéressants) et afficher des offres et des publicités pertinentes. »
Elle a également fait valoir que le contenu des messages des utilisateurs sera hors de la portée de Facebook ou tout autre tiers, notamment grâce au chiffrement mis en place récemment. « Vous êtes les seules personnes à pouvoir les lire [et] rien de ce que vous partagez sur WhatsApp, y compris vos messages, photos et informations de compte, ne sera partagé à la vue des autres sur Facebook », écrivait WhatsApp.
Cependant, cette modification de sa politique de confidentialité n’a pas reçu les louanges des membres de l’UE : en novembre 2016, en réponse aux inquiétudes sur la vie privée exprimées par ses utilisateurs et les autorités de protection des données (DPA), WhatsApp a décidé de suspendre temporairement le partage de données avec Facebook à des fins publicitaires. D’après une source proche du dossier, il s’agissait uniquement des utilisateurs en Europe. La décision visait à donner aux organismes de réglementation le temps de partager leurs préoccupations en matière de protection de la vie privée et à Facebook, le temps de réfléchir aux moyens de les résoudre.
Dans une lettre envoyée à WhatsApp mardi et publiée mercredi, le groupe des autorités de protection des données de l'UE (connu sous le nom de Groupe de travail Article 29) a déclaré que la société n'avait toujours pas résolu ses problèmes de consentement des utilisateurs pour le partage des données.
Ils ont noté que les informations fournies aux utilisateurs sur la mise à jour de la politique de confidentialité étaient « sérieusement déficientes comme un moyen d'informer leur consentement. »
« Alors que le WP29 (Groupe de travail Article 29) note qu'il y a un équilibre à trouver entre présenter trop d'informations et pas assez, l'écran initial ne faisait aucune mention des informations clés dont les utilisateurs avaient besoin pour faire un choix éclairé, à savoir que le fait de cliquer sur le bouton « accepter » entraînerait le partage de leurs données personnelles avec la famille de sociétés Facebook », indique la lettre.
L'autorité de protection des données irlandaise – qui a compétence sur Facebook dans l'UE parce que le siège européen de la société est à Dublin – a déclaré en avril qu'elle espérait parvenir à un accord dans les mois à venir sur le partage de données avec WhatsApp.
« Au cours de l'année dernière, nous avons contacté les autorités de protection des données pour leur expliquer comment les termes et la politique de confidentialité de 2016 s'appliquent aux utilisateurs de WhatsApp en Europe », a déclaré un porte-parole de WhatsApp.
Le WP29 a également déclaré que le consentement des utilisateurs n'était pas donné, car WhatsApp adoptait effectivement une approche « à prendre ou à laisser » dans laquelle les utilisateurs devaient signaler leur « consentement » au partage de données, sous peine de ne pas pouvoir utiliser le service de messagerie WhatsApp.
Une nouvelle loi européenne sur la protection des données entrera en vigueur en mai, ce qui donnera aux régulateurs le pouvoir d'infliger des amendes aux entreprises jusqu'à 4 % de leur chiffre d'affaires mondial, une augmentation considérable par rapport aux niveaux actuels.
Source : CNBN
Les régulateurs européens estiment que WhatsApp n'est toujours pas conforme à la loi
En matière de partage de données avec Facebook
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Le , par Stéphane le calme
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