Ce vendredi 29 septembre, Tallinn, une ville située en Estonie, accueille les dirigeants européens pour un sommet consacré à l’économie numérique.
Il s‘agit de « lancer des discussions de haut niveau sur des projets futurs en matière d‘innovation numérique afin que l‘Europe soit toujours à la pointe des avancées technologiques et qu‘elle joue, à l’échelle mondiale, un rôle de meneuse dans le domaine du numérique dans les années à venir », souligne la présidence estonienne du Conseil de l‘Europe.
Après une rencontre des ministres des Finances de l’Union européenne (UE) où la France a notamment abordé le sujet d’une modification des règles pour mieux taxer les GAFA (Google, Apple, Facebook et Amazon), le thème sera abordé par le Président Emmanuel Macron. « Ce thème sera le plus controversé » du sommet, bien qu'il ne soit pas officiellement inscrit à l'agenda, a prévenu une source européenne.
« Le monde ouvert ne vaut que si la concurrence qui s’y joue est loyale », a souligné Emmanuel Macron mardi lors de son discours sur l‘Europe à la Sorbonne. « Nous ne pouvons pas accepter d’avoir des acteurs européens qui sont taxés et des acteurs internationaux qui ne le sont pas. »
Raison pour laquelle la France propose de taxer les GAFA sur la base de leur chiffre d‘affaires réalisé dans chaque pays, et non plus les bénéfices logés dans des filiales installées dans des États à faible fiscalité.
En l‘espace de quelques semaines, le ministre français de l‘Économie Bruno Le Maire est parvenu à rallier à sa proposition l‘Allemagne, l‘Italie l‘Espagne, l‘Autriche, la Grèce, la Slovénie, la Bulgarie, le Portugal et la Roumanie.
Il se heurte en revanche toujours aux réserves de huit États membres et à l’hostilité d‘un neuvième, l‘Irlande, connue pour avoir une taxation très favorable aux sociétés du numérique.
Il y a quelques jours, le ministre des Finances du Danemark, Kristian Jensen a appelé à la prudence. Il a estimé que l’adoption de pareilles mesures de taxation pourrait faire fuir d’Europe les sociétés innovantes. De son côté, le ministre des Finances du Luxembourg, Pierre Gramegna, a insisté sur la nécessité d’obtenir un accord global au niveau européen. La République tchèque et Malte ont, pour leur part, estimé que la taxation du chiffre d’affaires telle qu’elle est envisagée par la partie française était plutôt difficile à mettre en œuvre au regard de certains aspects techniques.
« J‘attends que le sommet européen nous dise vers où on va », a indiqué le commissaire européen aux Affaires économiques, Pierre Moscovici mi-septembre. « Nous, nous allons mettre toutes les options sur la table. Après la (direction) qui nous sera donnée par les chefs d‘État et de gouvernement ou par les ministres, nous avancerons, nous ferons une proposition, et il faut aller très vite. »
Chacun des 28 États membres de l’UE dispose d’un pouvoir de veto sur les questions fiscales et certains en ont déjà fait usage par le passé afin de bloquer des réformes semblables à celle-ci. C’est dans cette optique que la présidence estonienne a suggéré des discussions en interne à l’échelle européenne d’abord afin de parvenir à une position commune d’ici décembre suivie par des propositions législatives au printemps prochain. Comme cela avait été rapporté auparavant, l’une des missions les plus difficiles pour les défenseurs d’une nouvelle taxe pour les GAFA sera probablement de réussir à convaincre les États plus petits ou plus vulnérables économiquement de l’organisation européenne, qui profitent déjà des retombées des activités de lobbying ou des impôts versés par ces grandes sociétés technologiques.
Il semble, néanmoins, que l’absence d’unanimité au sein de l’UE ne puisse pas constituer une opposition suffisamment forte pour empêcher l’adoption de réformes sur la taxation des GAFA. En effet, le vice-président de la Commission européenne, Valdis Dombrovskis, n’a pas manqué de souligner le fait que même si des divisions persistent, la nouvelle réglementation pourra malgré tout être mise en œuvre au niveau européen via le système dit de la « ;coopération renforcée ;». Cette disposition permet aux États qui le souhaitent de mettre en application une mesure que d’autres pays n'envisageraient pas d'adopter sur leur territoire. La Commission européenne devrait présenter dans quelques jours un document qui listerait les autres possibilités juridiques de taxation de l’économie numérique, a déclaré Dombrovskis.
Source : Reuters
Sommet européen de l'économie numérique : la taxation des GAFA au menu des discussions
La proposition française fera-t-elle l'unanimité ?
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Le , par Stéphane le calme
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