« ;Don’t be evil ;» traduit littéralement par « ;Ne soyez pas malveillants ;» a été pendant plusieurs années la maxime prônée par Google. À travers cette devise, les fondateurs de Google, Larry Page et Sergey Brin ont souhaité afficher leur entreprise comme une entreprise altruiste qui œuvre pour le bien-être commun.
Mais pour Jon von Tetzchner, le créateur du navigateur Opera désormais consacré au développement de son nouveau navigateur web Vivaldi, l’on est loin de cette réalité défendue par Google et dans laquelle plusieurs entreprises IT se retrouvaient. Et pour cause, le développeur de Vivaldi explique que la firme de Mountain View aurait, depuis quelques années, changé son fusil d’épaule et se livrerait à des pratiques jugées par Tetzchner comme des attitudes d’abus de position dominante.
Pour mieux se faire comprendre, le créateur de Vivaldi explique que Google a récemment suspendu sans avertissement ses campagnes Google AdWords. Et c’est la deuxième fois qu’il fait face à cette situation. Mais avant d’arriver à une telle situation, Tetzchner souligne qu’il a entretenu de longues et bonnes relations avec l’entreprise et cela pendant plusieurs années. À l’époque, pendant qu’il travaillait encore chez Opera, son équipe et lui ont été les premiers à intégrer les recherches Google directement dans l’interface du navigateur afin que les utilisateurs puissent lancer des recherches en utilisant indifféremment la barre d’adresse ou le champ de recherche. Ce fut un partenariat gagnant-gagnant, car pour Opera, cela leur a permis de fournir un meilleur service aux utilisateurs et récolter des fonds pour payer les factures et pour Google cela leur a permis de croître. Mais les choses ont depuis lors beaucoup changé.
Google s’est rapproché de la fondation Mozilla, a créé de nouveaux services comme Google Docs et tous les problèmes d’Opera ont commencé. Lorsque Google créa ces nouveaux services, non seulement ces services ont été conçus pour être incompatibles avec Opera, mais ils ont également encouragé les utilisateurs d’Opera à changer leur navigateur, explique Tetzchner. Plus en détail, à chaque fois qu’un utilisateur tentait d’accéder à ces services Google Docs en utilisant Opera, l’accès était refusé. En tant qu’utilisateur d’Opera, si aucune solution n’était apportée, il ne restait plus qu’à basculer vers un autre navigateur qui offrait cette possibilité. Après avoir relancé en vain Sergey Brin, Tetzchner explique qu’ils n’ont pas eu d’autres choix que de masquer l’identité de leur navigateur pour offrir aux millions d’utilisateurs d’Opera la possibilité d’accéder à ces services Google Docs et maintenir ainsi leur portefeuille client.
Après cette expérience, Tetzchner est passé à Vivaldi en raison des divergences intestines au sein de l’entreprise Opera. Nous rappelons que Vivaldi est basé sur le projet open source Chromium développé par Google utilisant Blink pour le rendu. Vivaldi étant basé sur Chromium, l’on pourrait trouver évident qu’il n’y ait pas de soucis avec les services Google. Mais là encore, le créateur du nouveau navigateur réalise que les difficultés d’antan rencontrées avec la firme ne sont pas loin derrière lui.
Cette fois, Tetzchner rapporte que Google aurait suspendu leurs campagnes Google AdWords sans préavis. Et c’est la deuxième fois qu’un tel incident survient. Google étant la plus grande entreprise de publicité en ligne, être éjecté de son canal de diffusion pourrait causer des manques à gagner énormes dans la mesure où l’entreprise bénéficie d’une grande audience sur la toile.
Selon Tetzchner, cette suspension d’activités n’est pas fortuite, mais pourrait être liée à ses points de vue sur les collectes de données effectuées par Google et Facebook qu’il a partagés ouvertement. Concernant ces deux entreprises, l’auteur de Vivaldi déclare ceci : « ;Elles collectent et agrègent trop d’informations personnelles de leurs utilisateurs. Je vois cela comme un problème très sérieux et menaçant la démocratie, car les vastes possibilités de ciblage offertes par Google et Facebook ne sont pas seulement bonnes pour un marketing très ciblé, mais aussi pour une propagande sur mesure. L’idée qu’internet se transforme en champ de bataille de la propagande est très éloignée de l’idéal. ;»
Tetzchner déclare que deux jours après que ses points de vue ont été publiés dans le journal Wired, toutes les campagnes de leur compte AdWords ont été suspendues sans préavis. « ;Était-ce juste une coïncidence ;? Ou était-ce délibéré, une façon de nous envoyer un message ;? ;», se demande Tetzchner. Chacun pourra tirer ses propres conclusions en analysant le dénouement de cette affaire.
Face à ce problème, Tetzchner n’est pas resté les bras croisés et a saisi Google. Après l’avoir fait, celui-ci rapporte que les spécialistes de Google leur ont dicté comment ils devraient organiser leur contenu sur leur propre site web et comment ils devraient communiquer les informations à leurs utilisateurs pour pouvoir réintégrer le réseau AdWords de la firme.
Après environ trois mois de collaboration, la suspension a pu être levée non sans s’être au préalable plié aux exigences de l’entreprise, précise Tetzchner.
À la suite de ces expériences, le créateur de Vivaldi trouve assez triste que cette entreprise qui naguère affichait tous les traits d’une entreprise ouverte n’ait pas pu résister à la mauvaise utilisation du pouvoir qu’elle détient à travers le monopole dans la publicité et la recherche et espère que cela incitera les régulateurs à voter des lois en conséquence.
Source : Blog Vivladi
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Le , par Olivier Famien
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