Aux États-Unis, l’enseignement de la programmation est considéré dans certains États comme un outil de réinsertion des prisonniers dans la société après leur libération. En Californie par exemple, à travers un programme intitulé « The Last Mile », les détenus à San Quentin apprennent à coder. Ils sont également aidés dans le cadre du programme à trouver du travail dans le développement de logiciels, et cela semble porter des fruits. Un rapport publié en avril dernier indiquait en effet qu’aucun des anciens prisonniers qui ont suivi le programme n'est retourné en prison depuis sa libération. Ce privilège n’est toutefois pas accordé à tous les détenus à travers les États-Unis.
Alors que la Californie enseigne aux détenus à coder, d'autres États leur interdisent même de posséder ou de recevoir des livres sur la programmation informatique sous le motif qu'ils constituent une « menace pour l'ordre et la sécurité ». C’est le cas par exemple de l’Ohio et du Michigan, d’après des informations obtenues par MuckRock. MuckRock est un organisme basé aux États-Unis qui aide tous ceux qui le souhaitent à déposer des requêtes gouvernementales visant à obtenir des informations par le biais du Freedom of Information Act. Les informations obtenues sont ensuite publiées sur son site Web.
Dans le cadre d'une demande de documents publics, MuckRock a obtenu les listes de livres interdits dans les prisons de l'Ohio et du Michigan ; lesquelles incluent des livres qui visent à enseigner des compétences en programmation informatique. Avec des livres liés à la programmation, sont également interdits des livres et textes sur l'érotisme et la littérature publiée par des groupes néonazis. Cela laisse croire que ces interdictions visent à empêcher les détenus de se radicaliser ou acquérir des connaissances qui pourraient être utilisées pour nuire à la société une fois qu'ils auront retrouvé leur liberté.
Le fichier de 31 pages contenant les livres interdits dans les prisons de l'Ohio n'indique pas les raisons, mais inclut plusieurs textes sur la programmation. La liste comprend par exemple des livres comme Beginning Linux Programming 4th Edition, The Linux Professional Institute Certification Guide et Operating Systems Demystified.
En ce qui concerne la liste de livres interdits dans les prisons du Michigan (60 pages), elle comprend une catégorie spécifique dédiée aux livres visant à enseigner le codage aux détenus. Le Département des services correctionnels interdit certains livres pour la simple raison qu’ils « contiennent des informations sur les programmes et applications informatiques ». D'autres livres liés à la programmation, y compris Windows 98, 6 in 1 et Windows Game Programming for Dummies, sont interdits parce qu’ils représentent une « menace pour l'ordre et la sécurité de l'institution ». Une quinzaine de livres sont interdits parce qu'ils contiennent des informations sur la programmation informatique, y compris des guides de conception web et un livre destiné à enseigner aux personnes âgées comment utiliser les ordinateurs.
Quelques livres d'informatique interdits dans les prisons du Michigan et les raisons de leur interdiction
Si le Département des services correctionnels du Michigan semble croire que certains textes liés à la programmation informatique sont une « menace à l'ordre et la sécurité » des prisons d'État, ce point n'est pas partagé par d'autres États. La Pennsylvanie, par exemple, a elle aussi sa liste de livres interdits dans ses prisons, mais elle est beaucoup moins radicale que l’Ohio et le Michigan. La Pennsylvanie autorise explicitement les livres relatifs à la programmation et à la réparation d'ordinateurs, mais interdit ceux qui fournissent des instructions sur le hacking illégal.
Le premier livre sur le développement de site Web est autorisé alors que le second sur le hacking est interdit.
Sources : MuckRock, liste de livres interdits dans les prisons de l’Ohio, liste des livres interdits dans les prisons du Michigan
Et vous ?
Qu’en pensez-vous ?
Faut-il craindre qu’un détenu qui étudie des livres sur la programmation ou le hacking s’initie au piratage informatique ?
Faut-il considérer les livres de hacking au même titre que les livres publiés par des groupes extrémistes comme les néonazis ?