L'éditeur allemand Eyeo GmbH, qui est à l’origine de l'extension populaire de navigateur Adblock Plus, a remporté une autre série de victoires dans le combat sans merci auquel il se livre avec les entreprises de médias qui l'ont poursuivi sur le territoire Allemand.
Comme son nom le suggère, Adblock Plus vient filtrer les annonces diffusées par les régies qui ne figurent pas sur la liste blanche d’entreprises diffusant des annonces jugées « acceptables ».
Cependant, l’éditeur a été plusieurs fois au centre de la controverse. Par exemple, les grands annonceurs lui ont reproché le fait d’exiger d’eux qu’ils payent pour figurer sur la liste blanche, à un taux standard de 30 %. D’ailleurs le fait même de payer ne les plaçait pas automatiquement sur la liste blanche puisqu’ils devaient également produire des annonces qui répondaient favorablement aux critères standard d’acceptabilité. L’éditeur s’est défendu en affirmant qu’il fallait bien couvrir les frais connexes et que 90 % des sites qui figurent sur la liste le sont gratuitement.
En septembre de l’année dernière, l’éditeur a décidé d’aller un peu plus loin dans son programme de publicité acceptable en se dotant d’une plateforme d’ad-exchange, permettant de mettre en relation des éditeurs qui souhaitent vendre leurs espaces publicitaires disponibles au meilleur prix et les annonceurs qui cherchent à acheter au plus bas prix. La plateforme baptisée « Acceptable Ads Platform » avait donc pour ambition de permettre de déployer largement les annonces acceptables. Une initiative qui n’était pas du goût de certains utilisateurs d’Adblock Plus.
En réponse au billet annonçant le lancement de la phase bêta de ce programme, certains utilisateurs ont dit avoir définitivement désinstallé l'outil pour se tourner vers d'autres bloqueurs de contenu. Un utilisateur mécontent a même comparé la décision d'Ablock Plus au fait de « vendre des préservatifs pour des grossesses acceptables ». « Vous devriez changer de nom », s’est insurgé un autre.
Néanmoins, toutes ces controverses n’ont pas empêché que le produit phare de l’éditeur continue de croître en popularité, au détriment d’un nombre toujours grandissant d’éditeurs et de radiodiffuseurs dont les revenus reposent essentiellement sur la publicité. Ce qui a donc eu pour effet de multiplier les procès à l’endroit d’Adblock Plus au cours des dernières années par des entités comme Axel Springer, Die Zeit, Handelsblatt, RTL Interactive, ProSiebenSat.1 et Süddeutsche Zeitung.
Toutes les tentatives pour museler Adblock Plus ont échoué à l’exception d’une, qui a été considérée comme une victoire partielle par le défendeur : en juin de l’année dernière, l'éditeur de Bild Axel Springer a obtenu du tribunal régional supérieur de Cologne la conclusion selon laquelle il était illégal pour Eyeo de facturer Springer pour avoir le privilège de figurer sur la liste blanche.
Jeudi, un tribunal d'appel de Munich a statué contre RTL Interactive, ProSiebenSat.1 et Süddeutsche Zeitung dans leurs tentatives les plus récentes visant à supprimer Adblock Plus.
D’ailleurs, le tribunal a également déclaré que les pratiques de liste blanche des « annonces acceptables » sont acceptables, venant donc en contradiction avec la décision antérieure, par le tribunal de Cologne, dans l'affaire Springer.
RTL Interactive et ProSiebenSat.1 veulent faire appel de cette décision auprès de la plus haute juridiction allemande, la Cour constitutionnelle fédérale à Karlsruhe.
« Dans la plupart des procès, ils ont une approche par modules », a expliqué Laura Sophie Dornheim, chef des affaires publiques de Eyeo. « Tout d'abord, ils veulent que le blocage des annonces soit complètement interdit. Si cela n'est pas possible, ils veulent que les blocages publicitaires avec des listes blanches soient interdits. Pour moi, ce n'est vraiment qu'un moyen pour accéder à Adblock Plus, étant donné que c'est la seule entreprise que la juridiction allemande peut saisir. »
Cependant, le tribunal a rappelé que les éditeurs en ligne sont libres de prendre des contre-mesures contre Adblock Plus, par exemple en empêchant aux lecteurs qui ont l'extension activée sur leur navigateur d’accéder à leurs sites.
Il y a un an, Facebook a également tenté de se battre contre les bloqueurs de publicité en modifiant le code pour la présentation des publicités sur son site afin que les plugins ne puissent pas les identifier comme étant des publicités et les bloquer.
Adblock Plus a découvert un moyen de contourner ce mécanisme de Facebook. S’en est alors suivi une série de réactions de part et d’autre qui font en sorte qu’aujourd’hui, Adblock Plus n’est pas en mesure de bloquer les publicités diffusées sur le réseau social.
« Nous travaillons sur une solution, mais nous voulons que la prochaine solution soit plus permanente », a déclaré Dornheim. « Il y a d'autres bloqueurs qui parviennent à bloquer les publicités [sur Facebook], mais ils interfèrent davantage sur le code du site, ce qui entraîne parfois un plantage du site et nous ne voulons pas faire subir cela à nos utilisateurs. »
Source : Emerce
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Un tribunal estime à nouveau qu'il n'est pas illégal
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Le , par Stéphane le calme
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