Un juge fédéral des États-Unis a statué lundi sur une affaire qui opposait la filiale de Microsoft, LinkedIn à HiQ Labs, une startup basée à San Francisco. D’après le verdict rendu par le tribunal, LinkedIn n’a pas le droit d’empêcher une entreprise quelconque d’exploiter des données publiques recueillies à partir des profils d’utilisateurs de son réseau social, une pratique qui s’apparente à du « ;data scraping ;».
Le « ;data scraping ;» peut être perçu comme une pratique permettant d’extraire le contenu de sites Web ou de réseaux sociaux, via un script ou un programme, pour le transformer et pour l’exploiter dans un autre contexte. LinkedIn, Twitter et Facebook considèrent, en général, cette activité comme un vol, mais aussi comme une violation de la vie privée de leurs utilisateurs.
Le différend entre les deux sociétés de technologie a commencé au mois de mai, lorsque LinkedIn a fait parvenir une lettre à HiQ Labs afin de l'obliger à arrêter la collecte de données sur son réseau social. Elle a également pris des dispositions pour mettre en place des moyens de blocage afin d’empêcher HiQ de continuer à mener ses activités de collecte. HiQ Labs a réagi en déposant une plainte contre LinkedIn le mois suivant, arguant que les données concernées étaient publiques et affirmant que le réseau social de la filiale de Microsoft violait les lois anticoncurrentielles.
Le juge de district Edward Chen à San Francisco a accordé une demande d’injonction préliminaire présentée par HiQ Labs et a demandé à LinkedIn de supprimer dans les 24 heures toute technologie pouvant empêcher l’entreprise HiQ d’accéder aux informations contenues sur les profils publics de son réseau social. D’après lui, HiQ aurait présenté des arguments convaincants permettant d’attester que l’attitude de LinkedIn envers la startup de San Francisco était avant tout motivée par la volonté de nuire à un concurrent plutôt que par celle de protéger la confidentialité des utilisateurs comme l’avait prétendu le géant des réseaux sociaux professionnels.
HiQ Labs se sert des informations publiques recueillies sur le réseau social de LinkedIn afin de mettre au point des algorithmes capables de prédire les comportements des employés. Les solutions logicielles fournies par cette entreprise aident notamment les employeurs à déterminer quels travailleurs sont susceptibles de partir ou de rester. Le juge a souligné le fait que la société LinkedIn vend souvent ce type de données à des recruteurs et il est donc anormal qu’elle accuse maintenant HiQ de violer la confidentialité de ses consommateurs.
« ;Les préoccupations de confidentialité de LinkedIn sont quelque peu compromises à cause du fait que LinkedIn permet déjà à d’autres tiers d’accéder aux données des utilisateurs sans que ses membres en soient informés et sans leur consentement ;», a-t-il écrit.
LinkedIn a déjà fait savoir par la voix de son porte-parole, Nicole Leverich, qu’elle comptait contester cette décision de justice. « ;Nous sommes déçus de la décision du tribunal ;», a déclaré M. Leverich qui a ajouté que « ;cette affaire n’est pas encore terminée. Nous continuerons à nous battre pour protéger la capacité de nos membres à contrôler l’information qu’ils mettent à disposition sur LinkedIn. ;»
HiQ Labs considère cette décision de justice comme une victoire importante pour les entreprises qui exploitent les données publiques disponibles sur la toile pour leurs besoins de fonctionnement. « ;HiQ a la conviction que les données publiques doivent rester publiques et que l’innovation sur internet ne devrait pas être étouffée par un harcèlement juridique ou prise en otage par un petit groupe de sociétés puissantes ;», a annoncé la startup dans un communiqué.
Le point de vue des responsables de HiQ est partagé par de nombreux autres chefs d’entreprise comme Falon Fatemi, le directeur général de la société Node, une autre startup basée à San Francisco qui exploite les données publiquement disponibles et l’intelligence artificielle pour aider les entreprises à identifier leurs clients potentiels.
Source : Reuters, San Francisco Chronicles
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USA : LinkedIn n'a pas le droit d'empêcher des tiers d'exploiter les données des profils publics de ses utilisateurs
D'après une décision de justice
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D'après une décision de justice
Le , par Christian Olivier
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