
La propagation du ransomware a été en fait causée par une mise à jour malveillante du logiciel M.E.Doc, un logiciel de comptabilité populaire utilisé par les entreprises ukrainiennes. Selon plusieurs rapports de Cisco Talos, ESET, Kaspersky Lab et Microsoft entre autres, un attaquant a pu compromettre le mécanisme de mise à jour logicielle sur les serveurs de M.E.Doc et fournir une mise à jour malveillante aux utilisateurs du logiciel de comptabilité. Lorsque la mise à jour a atteint les clients de M.E.Doc, le paquet logiciel corrompu a livré le ransomware NotPetya.
Le fournisseur ukrainien de logiciels a d'abord émis un avis de sécurité dans lequel il a reconnu que ses serveurs ont été compris. Mais quelques heures plus tard, alors que le malware se propageait à toute l'Ukraine et dans d'autres pays à travers le monde en causant d'énormes dégâts irréparables, Intellect-Service a refusé d'admettre que ce sont ses serveurs qui avaient permis le déploiement de NotPetya.
Toutefois, selon les chercheurs en sécurité, ce n'est pas la première fois que M.E.Doc a mené une mise à jour logicielle malveillante qui a livré un ransomware. Une enquête ultérieure a révélé que la société Intellect-Service avait mal géré les serveurs piratés, lesquels ont été laissés sans mise à jour depuis 2013 et ont été compromis avec des portes dérobées à plusieurs reprises. Le chercheur de la firme de sécurité ESET, Anton Cherepanov, a découvert qu'un groupe de cyberespionnage connu sous le nom de TeleBots avait compromis trois fois les serveurs d'Intellect-Service et utilisé le même mécanisme de mise à jour M.E.Doc pour livrer trois familles de ransomware différentes : XData, un clone de WannaCry, et NotPetya ; le dernier s'étant fait particulièrement remarquer par l'ampleur de ses dégâts.
La police ukrainienne a saisi les ordinateurs et les logiciels utilisés par Intellect Service et préconisé à tous les clients de la société d’arrêter d'utiliser le logiciel compromis, en veillant également à ce que les ordinateurs avec une version installée de l'application n'accèdent pas à Internet. En ce moment-là, le chef de la cyberpolice ukrainienne a averti que l’entreprise a une responsabilité pénale dans l’affaire. Il a en effet déclaré qu'il y avait « un souci avec l’équipe dirigeante de cette entreprise parce qu’elle était informée de l’infection du logiciel, mais n’a mis en place aucune disposition. » Ainsi, en cas de confirmation des conclusions des firmes de sécurité, des poursuites seront lancées contre la société. Le mardi, la police cybernétique ukrainienne a confirmé, dans un document officiel, que les serveurs M.E.Doc ont bien été compromis avec des portes dérobées à trois reprises.
Le cabinet d'avocats utilise donc maintenant ce document comme principal moteur de ses actions en justice. À travers les médias sociaux et la presse ukrainienne, Juscutum appelle les victimes à se joindre à un recours collectif en justice contre l’éditeur de M.E.Doc. Ce sont toutefois les victimes qui devront payer tous les frais de justice. Elles devront également fournir des preuves ou aider à recueillir des éléments de preuve pour permettre à Juscutum de défendre l’affaire en justice. En contrepartie, les victimes devront accepter un prélèvement de 30 % sur les dommages et intérêts qui leur seront versés en cas de succès.
Source : Vice
Et vous ?
