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L'histoire d'une arnaque sur Internet qui cible des Français
Et qui rapporterait des dizaines de millions chaque année aux arnaqueurs

Le , par Michael Guilloux

78PARTAGES

14  0 
Appelons-le Oldarnaque42, du pseudo qu’il a utilisé pour partager son histoire. Il dit avoir travaillé dans une startup de la FrenchTech dont le business reposait sur une escroquerie, et l’idée semble trop ingénieuse pour que ça soit une histoire inventée. Dans tous les cas, quelqu’un a dû faire preuve de génie : Oldarnaque42 (s’il a inventé l’histoire) ou le créateur de la startup qui aurait mis en œuvre cette escroquerie. C’est l’histoire d’une arnaque sur Internet qui cible des Français et qui rapporterait des dizaines de millions d’euros de chiffre d’affaires chaque année aux arnaqueurs.

L’idée du business est de vendre des produits à des prix qui n’excèdent pas les 10 % de leur valeur sur le marché, bien que ce soient des produits authentiques qui sont vendus. C’est donc évident qu’un tel business ne peut être rentable, mais la startup a un plan : celui de piéger le client dans un système d’abonnement mensuel à un service sans valeur. C’est ce qui va permettre à la startup de récupérer le manque à gagner et même plus en faisant des prélèvements sur la carte de crédit du client. Bien sûr, il faut faire en sorte que le client s’abonne au service sans le savoir. Comment ils s’y prennent donc ?

Comme fonctionne l’escroquerie ?

« Imaginez un site internet, la page d'accueil du site est divisée en deux parties égales. Sur l'une des parties, le site te propose un produit intéressant à un prix ridicule (allant d'un euro symbolique à un maximum 10 % de la valeur du produit sur le marché). Sur l'autre partie le même produit, mais avec un abonnement mensuel à un service à la con », explique Oldarnaque42. « [Le] business n'est pas viable : [on achète] des produits trop chers qu’on revend pas assez chers en espérant que le client s'abonne à un service sans valeur ».

Mais aucun client ne voudra s’abonner à un tel service. Ils font donc une autre page d’accueil illégale sur laquelle le site ne mentionne pas l’offre d'abonnement mensuel à l'achat du produit. Et après un énorme scroll interminable, il y a une case cochée par défaut avec la mention « Oui je veux m'abonner… » à un service pour lequel le client sera facturé x euros par mois. Il faut également noter que la case à cocher bogue si l’on veut la décocher. Cette page engage donc le client à un abonnement mensuel dès qu’il achète un produit sur le site. Mais elle n’est pas conforme aux lois européennes, donc tout le monde ne doit pas la voir. Que fait donc la startup ?

Une page selon type le visiteur du site : un client potentiel ou une personne suspecte pour sur l’activité de la startup

Les techniciens de la startup font en sorte que la page qui n’est pas illégale s'affiche si l’on se rend sur le site de façon normale. C’est-à-dire en tapant l'adresse du site dans le navigateur, en cliquant sur une recherche Google, etc. Mais au moment de l’achat d’un produit, la page bogue de sorte que l’achat soit impossible. Cela évite à la startup de vendre un produit à perte étant donné que le client ne va certainement pas s’abonner au service sans valeur, qui devrait lui permettre de prélever des frais sur sa carte de crédit chaque mois. Les techniciens font également en sorte que la page illégale s'affiche uniquement si le client vient depuis une publicité Google AdSense, ce qui indique qu’il est intéressé par l’offre.

Ainsi, Oldarnaque42 explique que le banquier, la police, ou toute personne qui n'est pas un prospect et qui vient sur le site (peut-être à des fins de contrôle) ne verra qu’un site légitime et bogué, puisqu’il ne sera pas possible de faire des achats. Il faut en effet noter que ces derniers vont certainement se rendre sur le site de la façon normale (en tapant l'adresse du site dans le navigateur, en cliquant sur une recherche Google, etc.), et non depuis une publicité AdSense. Ceux qui viendront depuis AdSense sont très probablement des clients déjà séduits par le prix plus qu’attrayant qu’offre le site. Ce sont ces derniers qui seront dirigés vers la page illégale qui va les piéger dans un système d’abonnement.

« L'arme secrète », explique Oldarnaque42, c’est que « l'humain est paresseux. L'humain moyen ne regarde pas souvent ses décomptes de carte de crédit et ne fait pas attention à de petits débits chaque mois sur sa carte de crédit. Ainsi l'abonnement dure un certain temps (on parle en année en moyenne), avant que le client remarque un prélèvement qu'il ne comprend pas trop ».

C’est là que le service après-vente (SAV) entre en jeu

Le SAV entre en jeu une fois que le client se rend enfin compte de petits prélèvements qui ont eu lieu sur sa carte de crédit, en général plus d’une année après, d’après Oldarnaque42. Le client va donc taper la référence du prélèvement sur Google pour savoir ce que c’est. C’est ainsi qu’il va entrer en contact avec le SAV pour se plaindre. « Il est important que lors de la recherche Google, le site de SAV soit présent sur les 4/5 premiers résultats de la première page », explique Oldarnaque42. « Ce site doit être clair, doit permettre de dialoguer avec un humain par chat, par téléphone, etc. », dit-il.

Maintenant que le « pigeon s'est réveillé, il faut le calmer ». Le client apprend alors par le SAV qu’il a coché une case pour s’abonner à un service lors de l’achat du produit, et que c’est ce qui justifierait les prélèvements sur sa carte. Le client, réalisant alors que les prélèvements sont justifiés, va essayer d’expliquer qu’il ne l’a pas fait de manière intentionnelle. L’employé au SAV va ainsi faire « semblant d'écouter les arguments et complaintes [du client] et finalement lui proposer de le désabonner gratuitement, car sa situation l’a touché personnellement. »

Dans 99 % des cas, Oldarnaque42 explique que le client est heureux parce que le SAV a proposé de le désabonner gratuitement et oublie les montants qui lui ont été prélevés. « Les 1 % qui restent sont divisés en deux parties : 0,99 % qui sont heureux quand on leur rembourse le dernier paiement et pour les 0,01 % qui restent, on rembourse jusqu'à l'intégralité s'il le souhaite. Le but est que le client soit heureux, ne fasse pas opposition, ne porte pas plainte et nous garde sous le radar (sa situation est réglée, le reste, il s'en fou) ».

Les cibles doivent être dans un autre pays que celui où se trouve la startup. Étant donné qu’elle est au Royaume-Uni (Londres), elle a donc choisi la France comme cible. Si un client, après avoir découvert ces prélèvements frauduleux, décide d’aller plus loin, il doit croire que l’entreprise est située en dehors de l'UE. Les démarches étant beaucoup plus complexes, il abandonnera plus facilement que s’il la croyait en France.

Ça marche, alors on pense encore plus grand

La startup a également pensé à l'industrialisation. Étant donné que son escroquerie porte ses fruits, pourquoi ne pas recommencer avec un autre produit ? Pourquoi ne pas l’automatiser ? Elle a donc pensé à un générateur de site (juste le produit change), des téléphonistes sous-payés pour faire le SAV et des stagiaires en développement d’affaires pour trouver des idées de nouveau produit.

Un data scientist a même été engagé dans le business. Cela a ainsi permis à la startup de réaliser que certains profils de clients peuvent être réinscrits dans la base de données et qu’il faudra X mois avant qu'ils se rendent compte qu'ils sont à nouveau abonnés à un service sans valeur. Du coup, ces clients sont réinscrits à un autre service, puis désinscrits après un certain temps avant qu’ils s’en rendent compte.

Oldarnaque42 dit qu’il lui a fallu plusieurs mois pour comprendre cette escroquerie et partir de l’entreprise. Lui et beaucoup d'anciens employés auraient essayé d’en parler, mais ont reçu des pressions comme des menaces d'avocats et autres. La startup en question aurait participé à des concours de la FrenchTech en France, serait même passé sur BFM business, et aurait gagné des prix. Il dit disposer de pas mal d’éléments de preuve qu’ils pourraient également mettre à la disposition de toute association de consommateur, journalistes, police/gendarmerie, autorité compétente. Mais, « j'ai monté un dossier et j'ai tout remis dans un 1er temps au service de gendarmerie ad hoc français (les victimes étant toutes françaises), je me suis vu répondre : on sait, on ne peut pas faire grand-chose », dit-il dans une discussion.

Source : Oldarnaque42

Et vous ?

Qu’en pensez-vous ?
Avez-vous déjà été victime d’une telle escroquerie ? Partagez votre expérience
En tant que développeur, avez-vous déjà été contraint d’une manière ou d’une autre à participer à une telle escroquerie ? Qu’avez-vous fait ?

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Avatar de
https://www.developpez.com
Le 24/07/2017 à 14:30
Je sais ! C'est France Loisirs !
14  0 
Avatar de Pierre.dupuy
Membre habitué https://www.developpez.com
Le 24/07/2017 à 14:38
Je me rappelle avoir vu des pubs pour telecharger "Et quand il pète il trou son slip" en envoyant "slip" au 6 12 12. Dans l'Asterix en bas il y avait marqué "abonnement 3€ par semaine".

Quand je pense à ceux qui se crèvent pour avoir et développer l'idée qui va les rendre riche, alors qu'ils suffisait d'exploiter la naïveté des enfants...
9  0 
Avatar de anykeyh
Membre confirmé https://www.developpez.com
Le 25/07/2017 à 7:02
Ne me demandez pas comment je sais mais...

Des boites qui vivent de ça, et qui touche non pas des millions mais des centaines de millions.

Leur montage financier est super opaque avec des centaines de société à Londres ou Gibraltar, car Google souvent bannis complètement la société de façade, suite à la découverte du "cloaking" (changement de page en fonction de l'IP / du referrer).

D'ailleurs dans cet article vous ne parlez que d'un montage produits peu cher + souscription; c'est juste la pointe de l'iceberg, en fait ce modèle ne marche pas très bien car pas mal de petits malins rejettent le paiement plus tard. L'abonnement à des catalogues de film ridiculement mauvais en streaming, proposer des services administratifs ou des recettes de cuisine pour 1 euros seulement (puis 19.90 par mois a vie)... Là ça paie beaucoup plus.
Le coût principal dans ce montage c'est Ad Sense, et c'est Google qui se gave dans l'histoire. Pas rare d'avoir un CPA de ~100 euros sur ces business models.

Si vous êtes victime d'une arnaque dans ce genre, il faut aller voir votre banque et demander le blocage de la souscription et si possible le remboursement de TOUTES les sommes.
Meme sans remboursement, si vous faite opposition, VISA ou Mastercard va demander un cashback à la fin de l'année, ce qui est difficile a juger pour la société (elle n'est pas au courant tout de suite) et cela peut-être assez violent sur les comptes de la boite, au point de la couler...
8  0 
Avatar de tchize_
Expert éminent sénior https://www.developpez.com
Le 24/07/2017 à 20:05
Je crois que quelqu'un a encore oublié ses médocs
6  0 
Avatar de
https://www.developpez.com
Le 25/07/2017 à 13:36
Ce n'est pas un secret de polichinelle ... Genre les clones de "Groupon" qui vous proposent d'acheter des "codes" réductions , du Remisereduc en somme ... ne prenons pas les gens pour des pigeons : http://remisereduc.fr/

Comme par enchantement les sociétés écrans derrière sont sous l’égide de Holdings appartenant à Bernard Tapis !
5  0 
Avatar de TallyHo
Membre éprouvé https://www.developpez.com
Le 24/07/2017 à 23:18
Citation Envoyé par Conan Lord Voir le message
Je sais ! C'est France Loisirs !
Le pire c'est que tu as raison... Dans le fond, il n'y a rien de nouveau. Beaucoup d'arnaques ou de "magouilles marketing" existent depuis longtemps et sont réactualisées à la mode internet. C'est même encore plus facile avec le net, tu touches plus de monde, c'est simple d'avoir un whois anonyme, des coordonnées bidon et un système "off shore" depuis ton fauteuil en quelques jours.
3  1 
Avatar de Zirak
Inactif https://www.developpez.com
Le 26/07/2017 à 17:40
Citation Envoyé par Conan Lord Voir le message
Pourquoi s'abonner alors qu'on peut trouver des bouquins 5 fois moins chers dans les bouquineries sans engagement ? Je veux bien que certains aiment les couvertures neuves et être les premiers à lire les nouvelles sorties, mais de là à s'engager volontairement à acheter un bouquin neuf tous les 3 mois, même à quelques euros de moins, ce n'est pas viable tel quel.
Car tout le monde n'a pas forcément de "bouquinerie" à côté de chez lui ? Et puis pour quelqu'un qui lit un minimum, un bouquin tous les 3 mois, ce n'est pas grand chose. Et puis tu n'es pas obligé d'acheter un livre (je sais que l'achat trimestriel fonctionne avec les comics, les manga, et probablement aussi les DVD), donc à l'occasion, tu peux aussi t'en servir pour faire un cadeau à quelqu'un par exemple.

Alors bon, je ne dis pas que c'est un truc formidable, ou l'affaire du siècle, loin de là, tu peux effectivement te débrouiller autrement et/ou pour moins cher, mais je n'irais pas jusqu'à qualifier cela d'arnaque équivalente à celle racontée dans l'article. France Loisirs, les conditions sont peut-être écrites en petit (comme partout de toutes façons), mais au moins c'est écrit, la "faute" repose sur le client qui ne prend effectivement pas le temps de lire. Alors que la dans l'article, c'est vraiment un truc fait exprès, avec une page internet buguée, et un prélèvement fait à ton insu. Ce n'est pas franchement du même niveau, à mes yeux en tous cas.
2  0 
Avatar de
https://www.developpez.com
Le 26/07/2017 à 17:50
Citation Envoyé par Zirak Voir le message
Car tout le monde n'a pas forcément de "bouquinerie" à côté de chez lui ? Et puis pour quelqu'un qui lit un minimum, un bouquin tous les 3 mois, ce n'est pas grand chose. Et puis tu n'es pas obligé d'acheter un livre (je sais que l'achat trimestriel fonctionne avec les comics, les manga, et probablement aussi les DVD), donc à l'occasion, tu peux aussi t'en servir pour faire un cadeau à quelqu'un par exemple.
Sérieux ? J'ai toujours vu des bouquineries même dans les patelins les plus paumés de Bretagne (chez mes parents il y avait une bouquinerie ambulante qui passait tous les jeudis pendant les vacances d'été, je faisais mon stock, à 5 F le bouquin j'en prenais une cinquantaine chaque année). Un truc neuf tous les 3 mois ça me semble énorme. Mais bon je ne suis peut-être pas la mieux placée pour être objective c'est vrai.

Mais alors (j'insiste) pourquoi exiger un engagement s'il y a de la demande ? Et pourquoi les commerciaux ?
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Avatar de Pierre GIRARD
Expert éminent https://www.developpez.com
Le 27/07/2017 à 13:00
Mon petit caillou : Bouquinerie et après vérification, c'est même dans le Petit Littré (donc, probablement aussi dans le dictionnaire académique).
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Avatar de Jipété
Expert éminent sénior https://www.developpez.com
Le 27/07/2017 à 23:17
Bonsoir,

désolé pour le HS, on va faire vite :
à tous, merci pour les retours, et bon, je ne connaissais pas, je l'avoue, et donc minot je n'allais pas farfouiller à la bouquinerie, j'allais farfouiller chez le bouquiniste, un peu comme tous les mois j'allais chez le coiffeur et non pas au salon de coiffure pour messieurs, même si au final je ressortais pareil, bien dégagé autour des oreilles, ça faisait plaisir à mon père !

Citation Envoyé par mm_71 Voir le message
As tu déjà vu ceci:
http://www.jeandebonnot.fr/
Ah oui, j'en ai deux, d'ailleurs, mais là on ne joue plus dans la même cour, tu nous présentes la classe supérieure, moi je restais dans le tout-venant avec FL.

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