La neutralité du Net est un principe de non-discrimination qui régit Internet depuis sa création. Ce principe met en scène l’égalité d’accès. Aussi, sous la neutralité du Net, un fournisseur d’accès ne peut pas faire payer davantage ses consommateurs pour un meilleur débit sur YouTube ou Netflix, par exemple. Avec ce principe, tous les sites peuvent être consultés à pied d’égalité sans que l’un d’eux soit privilégié par son FAI. De ce fait, les petits sites et les startups sont au même rang que les géants du Net qui ne peuvent pas payer pour bénéficier d’une connexion plus rapide.
À l’occasion de l’International Day of Action, Facebook, Google, Amazon, et d’autres poids lourds du Net ont manifesté leur soutien pour ce principe. Sur son blog, Google l’a formulé de manière très simple : « Internet est un terrain de jeu ouvert à tous, sur lequel les nouveaux entrants et les joueurs les plus établis peuvent atteindre de la même façon des utilisateurs. »
Twitter a publié un billet de blog où l’entreprise a tenté de rappeler que son existence n’aurait pas été possible sans des règles strictes qui garantissent un Internet ouvert. « La FCC doit abandonner son effort malavisé pour rendre inutile tout le travail accompli pour le compte de tous les utilisateurs d’Internet », a déclaré l’entreprise. Twitter a également lancé une promotion du hashtag #netneutrality dans sa barre de tendances, une première pour l’entreprise qui n’a jamais promu un tweet de ses prises de position publiques, d’après le site Recode.
Le site Battle for The Net estime de son côté que la neutralité du Net « protège notre liberté d’expression sur Internet » en empêchant les grands opérateurs de « ralentir et bloquer des sites, ou faire payer les applis et les sites pour atteindre leur audience. »
Parmi les opposants à cette philosophie, trois FAI ainsi que l'association commerciale principale de l'industrie de la télévision par câble se sont distinguées aux États-Unis par leur implication financière : à elles seules, Comcast, AT & T, Verizon et l'Association nationale des télécommunications et des télécommunications (NCTA) ont dépensé 572 millions de dollars pour tenter de discréditer la neutralité du net auprès de la FCC et d'autres organismes gouvernementaux depuis 2008. C’est en tout cas ce que révèle une analyse de MapLight.
Pour quelles raisons sont-ils contre la neutralité du net ? Ils évoquent les coûts considérables que représente pour eux la modernisation du réseau, indispensable au vu de l’augmentation du trafic, mais aussi la vidéo en direct. Ils ont fait valoir que faire payer les utilisateurs pour des services de plus grande qualité pourrait leur permettre d’investir et d’innover davantage.
Des investissements qui finissent par porter leurs fruits puisque c’est de leur côté de la balance que semble se pencher l’administration Trump.
En 2015, à l’issue de longs débats, la FCC avait décidé que l’Internet américain était un « bien public » au même titre que le réseau téléphonique, et que les fournisseurs d’accès à Internet devaient être soumis aux mêmes règles, incluant la neutralité du réseau. Ceux-ci se sont alors retrouvés placés sous l’autorité de la FCC, qui a depuis pour responsabilité de veiller au respect de la neutralité du Net.
Pourtant, peu de temps après l’arrivée au pouvoir du président Trump, ce mouvement pour la suppression de la neutralité du Net a été pressenti, notamment après que Trump a nommé le républicain Ajit Pai, un fervent opposant à ce principe, à la tête de la Federal Communications Commission (FCC). En avril dernier, Ajit Pai est finalement passé à l’action en annonçant son intention de supprimer l’Open Internet Order, adopté par l’administration Obama pour garantir la neutralité du Net. À l’issue d’une rencontre en privé avec un groupe d'entreprises de télécommunications, il en est ressorti que le président de la FCC comptait annuler les règles de neutralité du Net actuelles et les remplacer par des engagements volontaires des fournisseurs d'accès Internet. Autrement dit, les FAI ne seront plus contraints par la FCC de respecter la neutralité du Net, mais ils devraient eux-mêmes s'engager volontairement envers leurs clients à respecter ces règles dans leurs accords de services.
C’est en soutien au président de la FCC que neuf sénateurs américains, tous républicains, ont déposé un projet de loi en début mai, qui vise non seulement à annuler l’Open Internet Order, mais également à interdire à la FCC d’essayer de restaurer la neutralité du Net à l’avenir, une fois qu'elle sera supprimée. Le projet baptisé Restoring Internet Freedom Act a été déposé par le sénateur Mike Lee, et est coparrainé par les sénateurs John Cornyn, Tom Cotton, Ted Cruz, Ron Johnson, Rand Paul, Thom Tillis, Ben Sasse et James Inhofe.
Source : MapLight
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Pour combattre la neutralité du net depuis 2008
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Le , par Stéphane le calme
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