Space Data Corporation, une société de technologie basée en Arizona, a lancé des poursuites contre Google, sa société mère Alphabet, et sa division de recherche Google X, sur son Project Loon. Dans sa plainte, Space Data a indiqué au tribunal fédéral à San Jose que Google a volé ses secrets commerciaux après que les meilleurs dirigeants des deux sociétés s'étaient réunis en 2007.
Pour rappel, le Project Loon désigne un réseau de ballons stratosphériques conçus pour apporter une connectivité Internet aux communautés rurales et éloignées du monde entier. En février, le Sri Lanka a déclaré qu'il allait tester 15 des ballons Loon de Google. D’autres régions/pays comme l'Indonésie et Porto Rico étaient également intéressés par un lancement test. Plus tôt cette année, Project Loon a fourni une connexion Internet de base à des dizaines de milliers de personnes dans les zones touchées par les inondations au Pérou.
Space Data, qui crée sa propre technologie de ballon pour fournir des services sans fil à des entreprises comme les compagnies pétrolières et les services armés américains, affirme que Project Loon viole deux des brevets d’entreprise liés à la création de réseaux aéroportés et à la récupération en toute sécurité des objets « plus légers que l'air » du ciel.
En décembre 2007, Google et Space Data ont signé un accord de non-divulgation, tandis que Google a tenté de racheter Space Data. La plainte affirme que durant les négociations, Space Data a déclaré avoir transmis des secrets commerciaux et des informations confidentielles sur sa technologie de mise en réseau de ballons ainsi que sur les « concepts commerciaux » connexes.
Les fondateurs de Google, Larry Page et Sergey Brin, ainsi que d'autres employés de Google, ont visité les bureaux de Space Data le 15 février 2008 et ont pu voir des démonstrations de la technologie de l'entreprise.
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Le 24 février 2008, continue la plainte, Space Data a reçu un courriel de la part d'un employé de Google qui l’informait que la société « n'engagerait pas de discussions avec Space Data ». Space Data affirme que cette réaction était une réponse à un article paru dans le Wall Street Journal le 20 février 2008 qui a donné des détails sur les plans de réseau aérien de la société et a cité une source anonyme qui avait indiqué que Google était intéressé par le rachat de la société.
Après avoir interrompu les négociations avec Space Data, Google aurait commencé à travailler sur le Project Loon, qui, aurait impacté négativement les activités de Space Data en plus d’endommager sa réputation « parmi les clients potentiels et existants, les partenaires commerciaux, les investisseurs et l'industrie en général. »
Space Data a demandé au tribunal d’interdire à Google d'utiliser ses secrets d’usine dans son projet.
Rappelons que le mois dernier, Space Data a réussi à faire valoir ses droits auprès du bureau américain des brevets (US Patent and Trademark Office), qui a annulé un brevet de Google concernant les ballons stationnaires de son projet Loon. Pour être plus précis, il s’agit d’un brevet permettant de faire varier la direction d’un ballon en ajustant son altitude, ce qui constitue l’une des pierres angulaires du système. L’office des brevets a estimé que Space Data a émis cette idée en premier, comme l’a attesté son brevet déposé en 2001. Cette technologie est donc redevenue sa propriété.
Il s’agit là de la première fois que l’ancien Google perd l’un de ses 36 000 brevets en raison d'une « interférence », le terme employé pour indiquer qu’un brevet décrit la même invention qu'un dépôt antérieur d'une autre société.
Pour Brian Love, co-directeur du High Tech Law Institute à l'École de droit de l'Université de Santa Clara, les accusations d'infraction de brevet et de détournement de métiers commerciaux de Space Data constituent une combinaison dangereusement puissante. « Dans la grande majorité des cas mettant sur scène des brevets, il n'y a aucune allégation de comportement malveillant. Mais lorsque Space Data a ajouté une utilisation de secrets commerciaux à la sauce, il avance qu’Alphabet l’a copié. » « Si un juge estime que Google a agi de manière malveillante, les chances d'une injonction ou de dommages-intérêts punitifs pourraient augmenter. »
Cependant, Spencer Hosie, un avocat de Space Data, ne se fait aucune illusion sur les difficultés à venir : « Une petite entreprise comprend que le litige est terriblement coûteux et encore plus lorsqu’elle porte plainte contre Google », affirme-t--il. « Google a essentiellement des ressources illimitées [et] va rendre ce cas aussi pénible que possible pour nous. »
Un porte-parole de la Division X d'Alphabet a déclaré qu'il ne faisait pas de commentaires sur un litige actif, en notant seulement : « Nous ne croyons pas que leurs revendications ont du mérite et nous nous défendrons vigoureusement. »
Source : dossiers sur l'affaire, Wired
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Pour la première fois, Google perd un de ses 36 000 brevets pour une « interférence »,
Ce qui pourrait lui coûter son Project Loon
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Le , par Stéphane le calme
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