Durant les dernières années, le bras armé des États-Unis sur les réseaux électroniques a mené des campagnes à succès comme la guerre informatique qui a ciblé l’Iran ou les missions de sabotage des missiles nord-coréens. Mais les très importantes capacités « cyber » des USA n’ont pas eu un succès similaire avec un autre ennemi de différente nature, l’usage d’Internet par l’État islamique.
Les responsables américains ont constaté que l’arsenal américain de cyberarmes a ses limites et n’a pas pu arrêter l’EI qui exploite le net pour propager sa propagande, attirer de nouvelles recrues et établir des communications chiffrées. Les Américains ont été surtout consternés de voir l’EI vite reconstituer ses structures techniques après une opération menée par les agents américains.
Ça fait plus d’une année que le Pentagone a annoncé qu’il va ouvrir une nouvelle ligne de combat contre l’EI qui sera dirigée par le Cyber Command pour mener les cyberattaques.
Le but de la mission a été clair, perturber les capacités de l’EI à communiquer, à séduire de nouveaux adhérents, payer ses combattants et à faire circuler les ordres de ses commandants.
Mais après les récentes attaques survenues en Grande-Bretagne et en Iran, il est devenu clair que l’EI n’a pas été affecté par les efforts de la cyberforce américaine puisque ses capacités de recrutement et de communication sont vite reconstituées après chaque opération. Cette situation a poussé les responsables américains à repenser leurs techniques de cyberguerre qui ont été conçues à l’origine pour des cibles fixes comme les installations nucléaires. La NSA et les services secrets israéliens ont déjà réussi à infiltrer le programme nucléaire iranien et ont endommagé les centrifugeuses après une attaque informatique complexe. Or l’EI est un ennemi de différente nature et les cibles ne sont pas fixes.
L’agenda de l’EI et ses tactiques font d’elle une cible particulièrement coriace face aux cyberattaques. Les djihadistes utilisent des ordinateurs et les réseaux sociaux non pas pour développer et lancer des systèmes d’armes, mais pour recruter, lever des fonds et coordonner de futures attaques.
Ces activités ne sont pas fixes comme il a été le cas pour les centrifuges d’Iran et les militants du groupe tirent profit des technologies de chiffrement avancées et à bas prix. L’EI a largement exploité Telegram, une plateforme de messagerie chiffrée développée en grande partie en Allemagne.
Selon le New York Times, lors d’une opération baptisée Glowing Symphony, la NSA et le Cyber Command ont obtenu les mots de passe de plusieurs comptes administrateurs de Daech et les ont utilisés pour bloquer certains combattants voulant y accéder et supprimer leurs contenus. Au début, cette opération a été un succès et les contenus de propagande ont disparu sur le net, mais ses résultats ont été temporaires. Très vite, les responsables américains ont découvert que les vidéos ont été soit restaurées soit migrées vers d’autres serveurs.
Les lacunes de cette cyberopération ont illustré le défi auquel fait face le gouvernement américain qui cherche à paralyser le cyberespace de l’EI. Il a été prévu que ces perturbations vont pousser les combattants à utiliser des réseaux moins sécurisés et donc plus vulnérables. Or, puisque les combattants de l’EI sont très mobiles et leur équipement est relativement basique, ils peuvent relancer les communications et mettre les contenus sur de nouveaux serveurs sans difficulté. Ils ont même chiffré et uploadé une partie du contenu dans le cloud pour qu’ils puissent la télécharger dans d’autres endroits.
Les responsables américains ont informé que malgré les pertes qu’a subies l’EI en Syrie et en Irak et l’énorme effort militaire pour perturber ses activités, ses militants continuent de résister.
« L’étendue globale d’ISIS en ce moment est largement intacte, » a dit Nicholas Rasmussen, directeur du National Counterterrorism Center. « Le groupe continue de publier des milliers de pièces de propagande officielle et utilise des applications en ligne pour organiser ses supporters et inspirer des attaques. »
Toutefois malgré ces résultats, des responsables militaires américains ont informé que le nombre et la qualité des outils dans le cyberarsenal des États-Unis mobilisé contre l’EI a augmenté durant l’année dernière. En conséquence, verrouiller les comptes des spécialistes de la propagande du groupe ou utiliser les coordonnées de leurs téléphones ou ordinateurs pour les frapper par drone - sont devenues des procédures standards.
Source : The New York Times
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Les États-Unis sont déçus des résultats mitigés de leurs cyberattaques contre l'EI
L'étendue de la propagande du groupe est restée intacte
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L'étendue de la propagande du groupe est restée intacte
Le , par Coriolan
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