Dans les domaines techniques, comme en informatique par exemple, nombreux sont les mots qui sont empruntés de l’anglais. Nous pouvons citer par exemple les mots :
- pop-up (emprunt à l’anglais) : fenêtre secondaire qui s’ouvre avec ou sans sollicitation de l’utilisateur. Il peut s'agir d'un message d'un logiciel signalant un événement (erreur, fin d'une opération, réception d'un message électronique), ou pour afficher des informations contextuelles (par exemple signification d'une icône), mais aussi fréquemment d'encarts publicitaires lors de la navigation sur un site web. La plupart des navigateurs Internet intègrent aujourd’hui un bloqueur de pop-up destiné à éliminer les pop-up non sollicitées par l’utilisateur. Fenêtre intruse, fenêtre surgissante ;
- digitaliser : de digital, avec le suffixe -iser, qui vient de l’anglais digitalize. Numériser, mettre sous forme numérique ;
- peer-to-peer : de l’anglais peer-to-peer (même sens) , (Internet) pair à pair. Il s’agit d’un modèle de réseau informatique proche du modèle client-serveur, mais où chaque client est aussi un serveur. Abréviation : P2P ;
- bug : emprunt à l’anglais bug (au sens anomalie de fonctionnement). Dysfonctionnement d’un logiciel ou d’un composant informatique. L’usage de bogue a été proposé, du fait de sa proximité phonétique avec le mot anglais, tout en apportant une analogie sémantique au caractère incommodant du dysfonctionnement, une bogue désignant déjà la coque épineuse enveloppant la châtaigne ou le marron. Bogue, erreur logicielle.
Mais les anglicismes peuvent être classés en plusieurs catégories, entre autres (sans être limitées à celles-ci) :
- les anglicismes entrés dans l’usage courant : des mots comme « football » se sont vus profondément ancrés dans l’usage courant. Difficile en effet de faire plus court, auriez-vous proposé « jeu de balle pratiqué avec les pieds » ? Notons que le passage en français a modifié l’orthographe de certains de ces mots qui peuvent par exemple prendre un trait d’union comme « week-end » ; en anglais, il n’y a pas de trait d’union. D'autres mots sont entrés dans l'usage comme zapping/zapper, one-man-show, interview, sitcom, etc.
- les anglicismes critiqués et remplaçables : ici il s’agit des termes dont l’emploi est critiqué et pour lesquels certains dictionnaires recommandent un synonyme français. Par exemple les mots en -ing, sont dénoncés par les puristes, car ils sont considérés comme étrangers à la structure morphologique et à la prononciation du français.
- les anglicismes adoptés dans le jargon de l’entreprise : des phrases du type « non seulement ce reporting est incomplet, mais en plus, Gilbert n’a pas respecté le process métier ! », vous sont sûrement très familières.
Face à ce volume de mots anglais qui prend de plus en plus de place en français, différentes initiatives sont nées pour endiguer ce phénomène. Parmi elles, nous pouvons citer la « Journée de la langue française dans les médias audiovisuels », un rendez-vous annuel organisé par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), dont l’objectif est de renforcer et de promouvoir l’usage et le respect du français dans les médias audiovisuels, en application de l’article 3-1 de la loi du 30 septembre 1986, qui confie au Conseil la mission de veiller « à la défense et à l’illustration de la langue française ».
Mémona Hintermann, membre du CSA depuis 2013 qui est d’autant plus attachée au bon usage du français que le créole est sa langue maternelle, a déclaré durant l’édition de cette année que « la journée de la langue française, c’est comme le 14 juillet. Le 14 juillet a été proposé pour que l’on se souvienne que l’on est tous à égalité sous le drapeau de la République, quelles que soient nos couleurs, nos origines, etc. La langue française, c’est pareil ! Au moins une fois par an, on doit sonner le tocsin en disant : “Halte ! On est Français, on parle une langue ; cette langue elle doit nous servir à nous relier les uns aux autres”. Ce n’est pas plus ambitieux que ça. Vu les circonstances, si une fois par an les télés et les radios se disent “il faut être civiques et rappeler que la langue c’est le lien entre chaque personne qui compose notre pays”, alors on aura au moins servi à s’en souvenir. Pas plus ».
Jacques Toubon, ministre français de la Culture de mars 1993 à mai 1995, a fait voter une loi (héritière de la loi Bas-Lauriol) visant notamment à « assurer la primauté de l’usage de termes francophones traditionnels face aux anglicismes ».
Dans le cadre de ce dispositif, l’Académie française s’est vu attribuer un rôle éminent : elle participe aux travaux des commissions spécialisées, qui proposent, dans des domaines variés, des termes français pour désigner les notions et les réalités nouvelles. Elle est membre de droit de la Commission générale qui examine les propositions de ces commissions spécialisées. Enfin, elle donne son aval pour la publication au Journal officiel des termes, accompagnés de leurs définitions.
Dès lors, l’emploi des équivalents français devient obligatoire au sein des administrations et des services publics, en remplacement des termes étrangers. Il en va de même pour l’utilisation du français dans la publicité ; les supports publicitaires sur lesquels apparaissent des slogans ou des textes utilisant des mots en anglais doivent « impérativement » en donner la traduction (qui apparaît généralement en petits caractères et précédée d’un astérisque).
Sans surprise, les industriels ont trouvé un moyen de contourner cette loi en créant des noms de marque en anglais. Comme le groupe Bouygues Telecom qui a pu lancer, sans traduction, son service B&You ou son concurrent SFR qui a créé « DUAL CARRIER », la technologie qui marque la première étape de l’expérience « 4G Ready ».
Un autre phénomène, et pas des moindres, qui s’attaque au français est la prolifération du langage SMS
Source : loi relative à l'emploi de la langue française, RFI,
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