97 grandes entreprises américaines de technologie, parmi lesquelles Apple, eBay, Facebook, Google, Intel, LinkedIn, Microsoft, Mozilla, Netflix ou encore Twitter, ont alors fait entendre leur voix pour souligner au gouvernement les conséquences désastreuses sur leurs opérations commerciales et son effet d’entraver leur capacité à recruter des talents.
Certains PDG, comme Satya Nadella (Microsoft) ou Mark Zuckerberg (Facebook), n’ont pas hésité à rappeler leurs origines, soulignant que « les États-Unis sont une nation d'immigrés ».
Après la vive polémique qu’a soulevée cette tentative du président Trump, un juge fédéral a donc décidé de suspendre cette procédure.
Mais Donald Trump n’a pas dit son dernier mot et a vu son administration retravailler son décret pour tenter un nouveau passage. Rebelote : mercredi, le juge fédéral Derrick K. Watson, du district d’Honolulu (Hawaii), a fait à nouveau suspendre cette procédure seulement quelques heures avant son entrée en vigueur. Le juge a estimé que l'ordonnance viole probablement une interdiction constitutionnelle contre la discrimination religieuse.
Juge Derrick Watson
Concernant les motivations de la Maison-Blanche, le juge a déclaré : « le gouvernement a prévenu les tribunaux qu’ils ne doivent pas se pencher sur la “psyché voilée” et les “motivations secrètes” des décideurs gouvernementaux et ne peuvent pas entreprendre une “psychanalyse judiciaire du cœur d'un rédacteur”.
Le gouvernement n'a rien à craindre. Les faits remarquables en cause ici ne nécessitent pas une telle enquête inadmissible.
Par exemple, il n'y a rien de “voilé” dans ce communiqué de presse : “Donald J. Trump réclame un arrêt total et complet des musulmans entrant aux États-Unis”.
Il n'y a pas non plus de “secret” concernant le motif de l'Exécutif propre à l'émission de l'Ordonnance :
Rudolph Giuliani a expliqué à la télévision comment l'Ordre exécutif est venu à être. Il a dit : “Quand [M. Trump] l'a d'abord annoncé, il l’a appelé “Muslim Ban”. Il m'a appelé et m’a dit : “ mettez sur pieds une commission. Montrez-moi la bonne façon de le faire légalement” ».
La mauvaise nouvelle pour l'administration Trump est que la décision suggère que même des amendements apportés à cette interdiction ne contribueront pas à ses chances de survie. Le juge Watson a déclaré que l'interdiction de voyager est, à toutes fins pratiques, un “Muslim Ban”. Par conséquent, sa raison d'être viole fondamentalement le Premier Amendement.
Se référant au Dr Elshikh, un résident hawaïen et un musulman qui s’est plaint des effets allégués de l'interdiction de voyager sur lui-même et sa famille, le juge a dit : « un observateur raisonnable et objectif, éclairé par le contexte historique spécifique, les déclarations publiques contemporaines et la séquence spécifique des événements qui ont mené à sa publication, conclurait que l'Ordonnance exécutive avait pour but de défavoriser une religion particulière, en dépit de son but déclaré comme étant religieusement neutre ».
Et le juge va plus loin en déclarant que « la notion selon laquelle on peut démontrer de l'animosité envers un groupe de personnes seulement en les ciblant tous à la fois est fondamentalement erronée. La Cour refuse de reléguer son analyse de la clause d'établissement à un exercice purement mathématique ».
Dans un discours qu’il a fait au Tennessee, Trump a déclaré à ses concitoyens qu’il préférait la première version de l'interdiction de voyager. Il n’a pas hésité à qualifier la version révisée, sur laquelle ses avocats ont laborieusement travaillé, de version « diluée » de l'original.
Commentant la décision de justice, il a affirmé que « ceci est, de l'avis de plusieurs, un dépassement judiciaire sans précédent ».
Source : décision de justice (au format PDF), Twitter (vidéo montrant Trump s'exprimer au Tennessee)