Passer à Linux et aux logiciels open source dans un monde où Windows et Office règnent depuis plusieurs décennies s’avère une mission très difficile, voire impossible, dans de nombreuses organisations et entreprises. Les raisons, nous les connaissons plus ou moins et on peut citer entre autres : le manque de constructeurs proposant des PC avec Linux préinstallé, le support des pilotes et des logiciels propriétaires (par les distributions Linux), la compatibilité avec les applications internes, les habitudes et la résistance au changement, etc.
La ville de Munich a toutefois tenté de relever ce défi. En 2003, son conseil municipal a décidé de se lancer dans un vaste projet de migration vers Linux et LibreOffice, baptisé LiMux, le même nom que leur version de Linux. Rappelons que ce changement s’est fait au détriment des célèbres Windows et Office de Microsoft. La ville de Munich avait de bons arguments : réaliser une économie de plusieurs millions d’euros, mais également mettre fin à la dépendance vis-à-vis des éditeurs de solutions propriétaires. Comme résultats, les économies escomptées ont effectivement été réalisées. Mais un problème demeurait : des utilisateurs qui ont évoqué des problèmes de compatibilité et d’interopérabilité avec les logiciels en interne.
Ce problème a suscité des questions sur la pertinence de ce projet de migration jusqu’à ce qu’on arrive, le mois dernier, à une proposition visant à mettre fin au projet et à revenir à Windows. C’était toutefois un peu trop tôt pour sceller le sort de LiMux et des logiciels open source et revenir à Windows et Office. Si les oppositions à la proposition ont été rejetées, il faut noter qu’en fin de compte, c'est une proposition amendée qui a été votée par le conseil municipal de Munich, et le dernier mot ne semble pas avoir encore été dit. Le conseil municipal a voté pour la mise en place d’une stratégie visant à unifier l'architecture des TI côté client, en s'appuyant sur un « client Windows » à développer, l'objectif stratégique étant de faire en sorte que les outils administratifs soient utilisables indépendamment du système d'exploitation client.
« L'administration doit sans tarder proposer une stratégie visant à unifier l'architecture informatique côté client de la ville d'ici le 31-12-2020, en s'appuyant sur un client Windows, qui doit encore être développé », est-il indiqué dans la proposition. « Les fonctionnalités de base (logiciels de présentation, lecture de PDF, client de messagerie électronique et navigateur Web) doivent être fournies par des produits standards couramment utilisés, qui doivent garantir une compatibilité maximale avec les processus internes et externes existants, ainsi qu'avec d'autres infrastructures logicielles (telles que SAP) ». Il faut en effet noter que certains employés du département des ressources humaines ont fait savoir qu’ils avaient besoin de Windows pour exécuter leurs applications SAP et Oracle et afficher correctement les PDF. La proposition prévoit que tout au long de la transition, les différents départements seront libres de déployer la nouvelle solution unifiée construite sur le client Windows ou de continuer à utiliser leur solution existante (Windows/LiMux) en fonction des exigences techniques.
Avec cette nouvelle direction, Karl-Heinz Schneider, le chef d’IT@M, principal fournisseur de technologie de Munich, a exprimé sa surprise face aux mouvements de la ville pour revenir à Windows et Office, après avoir fait migrer presque tout son parc informatique vers un système Linux. D’après le site allemand Heise, Schneider ne voit aucune raison pour la ville de gaspiller des millions d'euros et de nombreuses années de travail pour revenir à Windows. Il estime en effet que des solutions ont été trouvées pour résoudre les problèmes évoqués.
« Nous ne voyons pas de raisons techniques contraignantes pour un retour vers Windows et Microsoft Office », a déclaré Schneider. « Nous résolvons les problèmes de compatibilité et d'interopérabilité en fournissant MS Office, principalement virtualisé, sur les postes de travail [des utilisateurs] qui doivent travailler avec des bureaux externes sur des documents Office », ajoute-t-il.
Pour revenir à la proposition adoptée par le conseil municipal de Munich, elle indique également que « la stratégie [qui doit être proposée] doit être claire sur lesquelles des applications LiMux ne seront plus nécessaires ». Il faudra aussi faire un « budget approximatif pour donner une idée des coûts associés à l'unification » de l’architecture IT. C’est après ces informations que « le conseil municipal va prendre une décision finale. »
Sources : Heise (allemand), IT Wire, Free Software Foundation Europe
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Le responsable IT de Munich ne voit aucune raison de revenir à Windows
En sacrifiant des millions d'euros et de nombreuses années de travail
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Le , par Michael Guilloux
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