En 2003, la ville de Munich (Allemagne) a lancé un projet de migration de 14 000 ordinateurs équipés de Windows NT vers LiMux (un système d’exploitation dérivé d’Ubuntu), mais également vers la suite bureautique LibreOffice. Le projet baptisé du même nom (LiMux), qui a été voté en 2003 et devait s’étendre sur 10 ans, a été motivé par les résultats d’une étude qui avançait que la ville aurait ainsi pu économiser des millions d’euros, mais également gagner une indépendance vis-à-vis des éditeurs de solutions propriétaires.
Le format ODF (Open Document Format) a également été adopté par la ville de Munich en tant que norme pour les documents bureautiques (texte, tableurs, présentations, diagrammes, etc.).
Cette migration s’est officiellement achevée en 2013 et les objectifs ont été atteints, voire dépassés puisque la localité avait affirmé avoir migré avec succès 14 800 postes de travail, sur 15 500 PC de l’administration vers Linux.
Cette migration aurait permis à la localité d’économiser près de 11 millions d’euros, dont environ 6,8 millions d’économies ont été enregistrées uniquement sur les licences Microsoft en 2012.
Cependant, en août 2014, les autorités locales ont commencé à s’interroger sur la pertinence de cette stratégie. À cette période, Josef Schmid, l’adjoint au maire, a estimé qu’un examen est nécessaire suite aux nombreuses plaintes d'employés de la mairie qui ont « souffert » de cette transition, notamment pour les échanges de données et l'exécution de logiciels spécifiques développés en interne. Une étude indépendante a alors été commissionnée afin de déterminer la pertinence d'un retour à des produits Microsoft.
Mais Dieter Reiter, le maire de Munich, n’a pas envisagé pour sa part un retour à Windows, estimant que, d’après une analyse des coûts pour un retour à Windows qu’il a commandé, cela reviendrait très cher à la municipalité.
Reiter avait assuré par exemple que le passage à Windows 7 devrait entraîner le remplacement de plus de 14 000 PC de l’administration, ce qui pourrait coûter 3,15 millions d’euros, sans tenir compte des frais de licences et d’infrastructure. L’adoption de Windows 8 serait encore plus coûteuse, selon lui.
Reiter a fait également savoir que le retour aux solutions Microsoft reviendrait en même temps à perdre les 14 millions d’euros qui ont été engagés dans le passage à LiMux, OpenOffice et autres logiciels libres. Un montant qui devrait donc être ajouté au coût du retour à Windows.
Quoi qu’il en soit, mercredi prochain, une proposition visant à mettre fin au projet Limux et à revenir à un système propriétaire (notamment Windows) dans 3 ans, qui a été présentée par les deux partis au pouvoir, les sociaux-démocrates (SPD) et l'Union sociale chrétienne (CSU), sera votée.
« La proposition vise à garantir qu'au plus tard à la fin de 2020, un nouveau client de base Windows sera le client standard de la ville », a déclaré un porte-parole du conseil municipal de Munich.
Cependant, il semble que LiMux et d'autres logiciels open source pourraient encore être utilisés jusqu'à ce que le client Windows soit en place. « Durant la période de transition, les départements et les unités d'affaires pourront utiliser ce nouveau client basé sur Windows avec des produits standard ou continuer à utiliser une architecture client mixte de Windows et Linux selon leur situation individuelle », suggère la proposition.
L'utilisation du client de messagerie libre Thunderbird ainsi que la suite LibreOffice sont également concernées par ces mesures d’abandon pour une utilisation de « produits standards du marché » offrant la « plus grande compatibilité possible » avec les logiciels externes et internes.
Bien entendu, la Free Software Foundation Europe (FSFE) a invité tous les membres du conseil à voter contre la proposition. « La proposition actuelle est une mauvaise plaisanterie. Ils ne savent pas exactement ce qui serait impliqué s’ils abandonnent LiMux », a déclaré Matthias Kirschner, président du FSFE. « Ils ne savent pas combien de temps cela prendrait et combien cela coûterait. Néanmoins l'OB [Oberbürgermeister] Reiter veut passer à Microsoft, quoi qu'il arrive », a-t-il continué.
Un retour vers Windows ? Oui, mais pourquoi ?
La conseillère Anne Hübner, porte-parole du département informatique du SPD, a avancé que « pour le moment, dans de nombreux cas, il faut beaucoup trop de temps et cela coûte beaucoup trop cher pour que la ville implémente un logiciel disponible en standard sur le marché. Cela doit changer pour que la ville reste compétitive dans une société de services de plus en plus numérique ».
Les premiers jours qui ont suivi la fin de la migration vers LiMux, le conseil a déclaré que la majorité des utilisateurs n'avaient pas de problèmes importants avec le système d’exploitation, mais que certains départements de la ville ont critiqué LiMux lors d’une enquête menée l'année dernière. Le département des ressources humaines de la ville (POR) a déclaré que depuis 2006, lorsque le POR a commencé à utiliser LiMux et OpenOffice, puis est passé à LibreOffice, « l'efficacité et la productivité des lieux de travail soutenus par POR ont sensiblement diminué ».
Pourtant, Kirschner a souligné qu’une étude de consultants a mis l'accent sur les questions organisationnelles comme étant à l'origine des problèmes avec les TIC du conseil et non des problèmes avec les logiciels open source.
Paradoxalement, la proposition indique également que le but ultime devrait être que les logiciels utilisés par la ville fonctionnent « indépendamment du système d'exploitation de la machine de l'utilisateur final », suggérant entre autres l'utilisation d'applications web, de virtualisation, etc.
Source : Europa
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Le , par Stéphane le calme
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