Une semaine après l’arrivée de Donald Trump au pouvoir, la tension est montée entre la nouvelle administration américaine et la communauté scientifique opérant dans les agences gouvernementales. Depuis sa campagne électorale, Trump n’a pas caché ses signes d’hostilité envers cette communauté et les nouvelles directives placent les scientifiques face à un futur incertain, mais ils ne comptent pas se laisser faire, la mobilisation pour la riposte sur plusieurs fronts s’organise déjà.
Les premiers scientifiques affectés par l’administration de Trump ont été ceux de l'Agence américaine de protection de l'environnement (EPA). Le président américain a suspendu de façon inattendue tous les contrats et subventions de l’établissement, et a également ordonné que les salariés de l’EPA ne puissent pas communiquer sur cette action. Trump a aussi nommé un climatosceptique, Scott Pruitt à la tête de l’organisme, ce qui laisse croire que la nouvelle administration cherche à garder la mainmise sur cette agence pour qu’elle ne puisse pas contredire ses points de vue sur l’environnement.
Dès la première semaine, les employés du Service de recherche sur l’agriculture (ARS) ont été également affectés. Eux aussi, ils ne peuvent plus communiquer avec le public à propos des conclusions de leurs recherches ni échanger avec les médias. Les chercheurs également ne peuvent plus donner des interviews sur des sujets sensibles comme les OGM sans validation par les autorités.
Une marche des scientifiques
À l’image de la marche des femmes intervenue au lendemain de l’investiture de Donald Trump, une marche des scientifiques sera organisée par la communauté scientifique américaine à Washington et dans d’autres villes du pays. « Les scientifiques du monde entier ont été inquiétés par les actions antisciences prises par l’administration de Trump », a dit Caroline Weinberg, organisatrice de la prochaine marche des scientifiques à Washington.
Les détails exacts du départ de cette marche n’ont pas encore été choisis, les organisateurs devront avoir un meeting ce weekend pour mettre au clair le plan de cette marche. Une chose est sûre, l’engouement pour l’évènement a explosé, un groupe Facebook a lancé une page ce mardi pour cette marche et a déjà attiré plus de 600 000 membres. Les demandes des protestataires sont simples : accepter les faits scientifiques et ne pas les oppresser. « Il y a des choses que nous acceptons en tant que faits sans autres alternatives. La terre est en train de devenir plus chaude à cause de l’activité humaine. La diversité de la vie découle de l’évolution. Les politiciens qui dévaluent l’expertise risquent de prendre des décisions qui ne reflètent pas la réalité et devraient être tenus responsables. Un gouvernement américain qui ignore la science pour poursuivre des agendas idéologiques met en danger le monde. »
Les scientifiques explorent également d’autres voies pour contrecarrer la nouvelle administration Trump. Un groupe nommé 314 Action cherche à recruter des gens ayant des diplômes en science pour occuper des postes publics. Ils ont déjà réussi à attirer plus de 400 personnes ayant eu une formation scientifique. « Comme nous venons de voir la semaine dernière, il y a un assaut sur la science par des politiciens qui n’ont pas de background scientifique ou technique, et ne comprennent pas les impacts durables de la non-prise d’action immédiate pour faire face au changement climatique ». Shaughnessy Naughton, un ancien candidat au Congrès américain qui dirige maintenant 314 a écrit : « les scientifiques sont sous-représentés dans notre Congrès, dans nos chambres législatives et dans les conseils de l’école. »
Sauvetage des données
Les scientifiques avaient prédit dès le début des élections que les choses allaient mal tourner pour eux avec le candidat républicain, leurs craintes ont été confirmées dès la première semaine qui a suivi l’inauguration de Trump. Mais les scientifiques ne sont pas restés les bras croisés, une vaste opération de sauvetage de données a été organisée partout aux États-Unis. Cette campagne baptisée DataRefuge vise à collecter le maximum de données (études, chiffres, communications internes sur le climat) et les stocker en dehors des États-Unis, notamment au Canada et en Europe.
La communication sur Twitter
La censure imposée par l’administration Trump sur certaines agences gouvernementales a poussé certains salariés à recourir à d’autres solutions pour contourner ce contrôle. Ainsi, des comptes Twitter alternatifs ont rapidement émergé sur le réseau social avec le préfixe « alt », indiquant qu’ils sont des comptes alternatifs à la communication officielle désormais en vigueur, en signe de résistance. Cependant, aucune preuve ne permet de conclure qu’ils sont vraiment tenus par des chercheurs ou des salariés des agences concernées. Ces comptes encouragent les chercheurs à partager leurs travaux avec le grand public pour faire face à la censure. Ils appellent également à mettre en abri les documents de travail et à archiver les données du site de la Nasa.
Source : Vox - The Hill
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Le , par Coriolan
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