Alors que la prestation de serment de Donald Trump vient d’avoir lieu ce vendredi, un groupe de soixante programmeurs et scientifiques se sont regroupés dans un bâtiment du Department of Information Studies à l’Université de California-Los Angeles (UCLA) pour essayer de collecter des données du gouvernement liées au climat. Dans une feuille de calcul, ils ont marqué toutes leurs cibles parmi lesquelles figurent des centaines de sources comme les pages web dédiées à l’initiative d’énergie solaire du département d’énergie américain ou encore des données de l’Energy Information data qui comparent les énergies fossiles à celles renouvelables.
Beaucoup des programmeurs qui se sont présentés à l’UCLA à l’occasion de l’évènement sont des salariés travaillant en tant que consultants IT ou des responsables de données dans des startups ; d’autres sont des étudiants d’informatique. Le groupe de scientifiques en place a inclus des écologistes, des gestionnaires de laboratoire et des océanographes qui sont venus d’universités se trouvant dans toute la Californie du Sud. Les évènements comme ceci sont devenus une tendance dans toute l’Amérique, ils ont permis ces dernières semaines de sauvegarder des milliers de pages de portails gouvernementaux américains comme EPA.gov, NASA.gov, DOE.gov et whitehouse.gov. Afin de protéger ces données, elles ont été transférées à l’Internet Archive.
Des hackers, des bibliothécaires, des scientifiques et des archivistes ont travaillé sans relâche lors de ces évènements pour télécharger le maximum de données sur le climat et l’environnement à partir des sites gouvernementaux avant que Trump n’entre en fonction. Ce processus avançait bien jusqu’au jour de l’inauguration du nouveau président. À midi, juste après la prestation du serment de Trump et que l’évènement dans l’UCLA allait juste commencer, des pages web liées au changement climatique commençaient à disparaitre du portail de la maison blanche. Il est tout à fait normal pour chaque président de se débarrasser de quelques pages web de son prédécesseur, mais la disparition brusque de toute mention du changement climatique juste après l’inauguration de Trump montre la position de la nouvelle administration en ce qui concerne le climat.
« Nous avons eu une crise cardiaque », a dit Laurie Allen qui dirige l’évènement. « Durant les quatre derniers jours, je pense qu’on a travaillé 22 heures chaque jour parce qu’on a entendu que ces incidents devaient avoir lieu ».
« Si seulement nous avions tort à propos de nos craintes, mais c’est exactement le genre de situations que nous avons prédit lors des préparations », a ajouté Bethany Wiggin, directrice du Penn EHLab (Penn Program in Environmental Humanities) de l’Université de Pennsylvanie. Son laboratoire est à l’origine du programme public et collaboratif #DataRefuge.
Durant les cent premiers jours de la nouvelle administration, une équipe de programmeurs volontaires va scanner les sites web gouvernementaux et les comparer aux versions archivées pour déceler tout changement. « Nous allons informer les gens de ces changements. Nous espérons produire un rapport hebdomadaire des changements », a dit Wiggin, peut-être sous forme de newsletter.
Wiggin et Allen ont informé que les changements actuellement ne sont rien comparés à ce qui va venir. La nouvelle administration pourrait prendre pour cible les larges volumes de données gouvernementaux sur le changement climatique et l’état de l’environnement. Ces données sont largement exploitées par les scientifiques lors de leurs recherches. Par exemple, l'Agence américaine pour la protection de l'environnement (EPA) héberge une énorme base de données sur le contrôle de la qualité de l’air, ces données pourraient devenir la cible du nouveau directeur de l'agence Scott Pruitt, connu pour être un fervent défenseur des énergies fossiles.
Et c’est là que les hackatons de sauvegarde de données interviennent, durant chaque évènement, des programmeurs volontaires ont mis en place des scripts pour collecter des bases de données fédérales toujours plus larges et toujours plus compliquées. Pour gagner du temps, les équipes se partagent ces scripts et continuent de les améliorer.
Les données sont organisées et uploadées au site datarefuge.org, un site web basé sur la version open source de Ckan, une application web permettant le stockage et la distribution de données. Tous les hackatons utilisent ce site pour stocker les données et espèrent qu’il va servir de référentiel des données de la période pré-Trump.
Une autre copie du site est hébergée en Europe grâce à l’initiative de Michael Riedyk, PDG de Page Freezer, une entreprise canadienne d’archivage de données. Lors de la nuit qui a précédé le jour de l’inauguration, Riedyk lisait un article en ligne sur l’évènement de sauvegarde des données et a pensé qu’il ne serait pas mauvais si les données étaient hébergées dans une autre localisation. Son entreprise avait déjà des serveurs en Europe. Dès lors, il a contacté Wiggin et a offert ses services gratuitement pour l’initiative.
Wiggin lui a envoyé 30 000 pages web de sites gouvernementaux et 150 domaines de sites web complets que les participants des évènements de sauvetage des données ont identifiés comme susceptibles d’être menacés par la nouvelle administration. Le lendemain du jour de l’inauguration de Trump, l’équipe de Riedyk avait presque terminé le travail. « Nous avons capturé une large portion », dit-il. « Je pense que nous aurons tout le contenu de la liste aujourd’hui ou demain. »
À partir de là, l’entreprise va utiliser des crawlers web pour scanner chaque page chaque semaine. Des logiciels de Page Freezer vont leur permettre de voir tout changement. Des outils permettront de déterminer tout ce qui a changé, ce que les gens de la nouvelle administration ont modifié ou supprimé et puisque les données sont hébergées en Europe, elles seront hors de portée du gouvernement américain.
Source : Quartz
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Le , par Coriolan
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