Accelerated Mobile Pages (AMP) est une technologie open source proposée et soutenue par Google. Cette technologie a été conçue afin d’accélérer le chargement des pages sur mobile. Elle permet d’optimiser les pages web lourdes qui prennent beaucoup plus de temps à charger sur mobile. Selon Google, cette technologie permet de rendre le chargement quatre fois plus rapide, en optimisant les sites web et en proposant des versions allégées des articles délivrés par les serveurs de Google. AMP se compose de trois parties :
*AMP HTML : HTML avec des restrictions pour assurer une performance fiable. Des extensions permettent de créer du contenu enrichi plus élaboré qu'avec le HTML de base
*AMP JS : bibliothèque JavaScript qui garantit un rendu rapide des pages AMP HTML.
*Un système de cache : comme Google AMP Cache (en option) qui permet de fournir les pages AMP HTML.
AMP constitue la réponse de Google aux autres solutions proposées par Apple et Facebook. Ce projet apporte un lot d’avantages dans la mesure où il permet d’optimiser les pages web afin de les alléger et d'accélérer leur chargement. Donc les internautes pourront consommer du contenu avec beaucoup moins de publicités intrusives et d’éléments encombrants du web comme les animations. En gros, c’est toute l’expérience utilisateur qui est mise en avant. Le géant de la recherche cherche à contrecarrer les solutions de ses concurrents, notamment Instant Articles de Facebook, largement adoptée par les grands médias, mais à quels prix ? Les intentions de ce projet paraissent bonnes, mais il ne faut pas négliger certains aspects négatifs comme le renforcement de la dépendance des éditeurs vis-à-vis de Google et une expérience utilisateur pas à la hauteur des promesses.
Une mauvaise expérience utilisateur
Plus d’une année après le lancement préliminaire d’AMP, les utilisateurs ont commencé à remonter des plaintes concernant leur expérience avec les sites qui ont adopté ce format. Beaucoup de liens de pages AMP ne se chargent pas de manière optimale malgré le fait que leurs versions HTML marchent à merveille. Pour les sites qui arrivent à se charger, plusieurs éléments du contenu sont exclus accidentellement durant le processus de génération de l’AMP HTML, le pire c’est qu’aucun message n’indique que des éléments ont été omis. Ce genre de bogues est tout simplement inacceptable pour une technologie standard qui est entrée en utilisation pendant plus d’un an maintenant. Google avance l’argument de la vitesse, les pages AMP se chargent en moins d’une seconde. Mais cette optimisation implique des concessions et les utilisateurs seront privés de fonctionnalités présentes dans la version web. Les pages AMP sont bâties sur des éléments HTML certes, mais elles restent différentes et limitées comparées aux pages web régulières.
Un autre problème qui hante les utilisateurs cette fois concerne les liens AMP qui diffèrent des URL canoniques de la même page, ce qui rend le partage de ces liens difficile. Pour mieux illustrer ce problème, les liens actuels prennent cette forme https://wwww.google.com/amp/ avant d’afficher la version AMP du site. Il n’existe aucune façon pour trouver le lien canonique de la page automatiquement ; l’utilisateur est obligé de supprimer soit .amp soit ?amp=1 pour entrer dans la page HTML.
Le verrouillage des internautes et des éditeurs
Avec AMP, il est clair que Google ne va plus se contenter d’indexer le contenu web, mais il se chargera aussi de l'héberger dans ses serveurs et de le livrer aux internautes, ce qui va renforcer un peu plus son hégémonie. AMP est destinée également à rendre les éditeurs plus dépendants du moteur de recherche. En cliquant sur des liens AMP, on a l’impression qu’on est toujours dans la page de recherche de Google et les liens sont mis en avant de façon éminente par le moteur de recherche. C’est la réponse de la firme de Mountain View aux formats similaires de Facebook et d'Apple, les deux ont été conçus pour verrouiller les utilisateurs dans leurs écosystèmes respectifs. Mais l’ampleur de l’implémentation de Google est encore plus importante et a des implications d’une grande portée. Si les solutions d’Apple et Facebook sont limitées à leurs applications, l’implémentation d’AMP de Google concerne elle le web, et c’est là toute la différence.
Pour les internautes, il suffit de ne pas utiliser les applications de Facebook et Apple pour éviter leurs formats, mais qu’en est-il de Google ? Le moteur de la recherche est considéré comme le portail d’entrée du web et se charge d’assurer l’accès à l’information d’une façon et d’une portée que Facebook ne pourra jamais atteindre. Si le réseau social se charge de garder les données issues des interactions sociales, Google opère lui sur toutes les informations et données présentes sur le web qui est censé être ouvert. Pour cette raison, promouvoir une solution fermée pour accéder à ces informations semble aller à contresens de la raison d’être du web.
Un autre problème concerne le classement des résultats de recherche, Google insiste sur le fait qu’adopter ou non AMP ne va pas affecter le classement des sites. Mais la compatibilité avec ce format affecte la mise en avant des articles dans la section des actualités du géant de la recherche. Ce point force donc les éditeurs à adopter AMP même si leurs sites sont déjà optimisés pour les terminaux mobiles.
Google insiste sur le fait qu’AMP HTML est un format ouvert, mais les développeurs principaux de ce standard sont des employés de la firme. Le géant de la recherche a la possibilité d’introduire des changements dans les spécifications pour mieux verrouiller les éditeurs à son écosystème. Google rend déjà difficile de supprimer les pages AMP. La politique de gouvernance pour AMP confère à Google la possibilité de prendre la direction qu’il veut avec le format sans consulter la communauté. Au final, AMP n’est pas si différent d’Apple News Format, au moins Apple ne prétend pas proposer un standard ouvert.
La confidentialité et la sécurité
Les spécifications d’AMP HTML indiquent que toutes les pages AMP doivent charger un fichier JavaScript de https://cdn.ampproject.org/. Si vous utilisez déjà Google Analytics sur vos pages, vous n’aurez probablement pas de problème à exécuter un autre fichier JS de Google. Mais le problème se pose pour les sites qui évitent de charger des fichiers de sources externes, en effet, il ne faut pas négliger les implications qui accompagnent cette pratique qui peuvent mettre à mal la sécurité et la confidentialité des utilisateurs. Pour un standard ouvert, cette obligation d’utiliser JavaScript et de le charger d’une source externe va ralentir l’adoption d’AMP par les sites qui prennent en compte la confidentialité des internautes. On espère que Google va permettre aux utilisateurs dans le futur de charger les scripts nécessaires de leurs propres sources.
Pour conclure, les buts du projet AMP sont appréciables, mais il incorpore encore des limitations de sécurité et d'expérience utilisateur qui devront être pris en compte. Dans sa forme actuelle, AMP n’est pas fiable pour un web ouvert et devrait être changé ou éliminé. Pour ceux qui ne veulent pas utiliser ce format tout en continuant à utiliser Google, ils peuvent se diriger vers https://encrypted.google.com/. Il apparait que pour le moment, les pages AMP ne figurent pas ici.
Source : 80x24
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Le projet AMP de Google est censé être open source et améliorer l'expérience utilisateur
Mais des rapports remettent en cause ce projet
Le projet AMP de Google est censé être open source et améliorer l'expérience utilisateur
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Le , par Coriolan
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