
Sans informer les utilisateurs à propos de cette pratique
Facebook est le premier réseau social en termes de nombre d’utilisateurs, le site compte plus d’un milliard et demi de membres actifs. Cette énorme base d’utilisateurs constitue une mine d’or pour la firme de Palo Alto qui continue d’améliorer ses résultats financiers lors de chaque exercice. Depuis le lancement du réseau social en 2004, l’entreprise a eu droit à plusieurs polémiques du fait de sa mauvaise gestion de la vie privée, néanmoins avec le temps, la firme a commencé à engager plus de transparence à l’égard des données personnelles, permettant aux utilisateurs de savoir les données qu’elle enregistre sur eux, comme le fait d’aimer une équipe particulière de football ou encore le fait qu’ils viennent de déménager.
Personne n’est choqué donc de savoir que Facebook récolte une énorme quantité de données basées sur les actions et les intérêts de ses utilisateurs. Mais selon une étude de ProPublica, le réseau social connaitrait davantage de données plus sensibles sans indiquer cette pratique aux utilisateurs de manière claire. Le réseau social achète ces données à des sources tierces, il a ainsi la possibilité de connaitre les salaires des utilisateurs, les types de restaurants qu’ils fréquentent et même le nombre de cartes bancaires qu’ils ont en leur possession.
Depuis septembre, ProPublica a encouragé les utilisateurs de Facebook à partager les catégories d’intérêt que le réseau social leur a assigné. Pour mener à bien cette mission, ils ont dû installer une extension de Chrome qui permet de savoir ce que le réseau social connait sur l’utilisateur. Au total, l’étude a collecté plus de 52 000 attributs uniques que Facebook a utilisés pour classifier les utilisateurs.
Facebook indique aux utilisateurs qu’il collecte les informations sur eux depuis des sources différentes, mais le réseau social n’indique pas que ces sources incluent des données détaillées obtenues depuis des courtiers de données commerciaux et n’en donne aucun détail aux utilisateurs. « Ils ne sont pas honnêtes », a dit Jeffrey Chester, directeur du Center for Digital Democracy. « Facebook rassemble une douzaine d’entreprises différentes pour cibler les données d’un seul utilisateur, et cet utilisateur devrait savoir ce qui se passe ».
L’étude a montré que Facebook catégorise les gens non seulement en se basant sur des critères anodins comme ceux qui aiment des plats particuliers, mais aussi des critères basés sur l’affinité ethnique pour classer les utilisateurs dans des groupes selon leur affinité comme les Afro-Américains, les Hispaniques et les autres groupes ethniques. Cette catégorisation a déjà fait l’objet d’une polémique il y a quelques semaines. Cette catégorisation permet aux annonceurs de cibler ou exclure un groupe particulier d’utilisateurs.
Sur les 29 000 catégories que Facebook fournit aux annonceurs, 600 ont été décrites comme étant fournis par des tiers. Ces catégories sont en grande partie d’ordre financier, par exemple les ménages qui ont un revenu annuel entre 100 000 et 125 000 dollars. Lorsque Propublica a comparé la liste de Facebook à celle révélée par l’étude, ils ont constaté que les informations des courtiers de données ne figurent pas dans les dizaines de milliers d’intérêts que Facebook rend disponibles aux utilisateurs.
Facebook s’est défendue de ne pas avoir divulgué cette pratique aux utilisateurs ; la firme a affirmé qu’effectivement, elle n’informe pas ses utilisateurs sur les données tirées de parties tierces. Selon le réseau social, ces données sont déjà largement disponibles et elles n’ont pas été collectées par Facebook. « Notre approche pour le contrôle des catégories tierces est quelque peu différente de notre approche pour les catégories spécifiques de Facebook », a dit Steve Satterfield, manager Facebook de la confidentialité et la politique publique. « Ceci résulte du fait que les fournisseurs de données avec lesquels nous travaillons rendent disponibles leurs catégories dans différentes plateformes de publicité et non pas seulement Facebook. »
Satterfield a précisé que les utilisateurs qui ne veulent pas que leurs informations soient disponibles pour Facebook doivent contacter les courtiers des données directement. Les utilisateurs trouveront dans une page d’aide du réseau social des liens pour se désinscrire de six fournisseurs de données qui fournissent actuellement des informations personnelles à Facebook.
Difficile de limiter la distribution des données personnelles
Selon Propublica, limiter la distribution de vos données personnelles n’est pas une tâche simple. Par exemple, se désinscrire de Datalogix d’Oracle qui fournit plus de 350 catégories de données à Facebook requiert l’envoi par poste d’une demande écrite ainsi qu’une copie de la carte d’identité nationale. Les utilisateurs peuvent demander aux courtiers de leur montrer les données qu’ils enregistrent sur eux, mais cette requête peut également être compliquée. Facebook change de fournisseurs de temps en temps, pour cette raison, les utilisateurs soucieux de protéger leur vie privée doivent visiter la page du centre d’aide du réseau social régulièrement.
Une des journalistes de Propublica a essayé d’appliquer à la lettre les recommandations de Facebook pour protéger ses données privées, mais en vain ; Julia Andwin a essayé de se désinscrire du maximum de courtiers de données qu’elle a identifiés. Sur 92 de ceux qui ont permis cette manœuvre, 65 d'entre eux lui ont demandé d’envoyer une forme d’identification comme le permis de conduire, et au final, elle n’a pas pu effacer ses données dans la majorité des fournisseurs.
Source : Propublica
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