Si Oracle n’a pas encore jeté l’éponge dans son procès contre Google, le géant des bases de données a trouvé un plan B pour renflouer ses caisses : frapper aux portes des clients et partenaires en violation des licences Java pour réclamer les sommes qu’ils doivent. Oracle vient de lancer un message clair : vous vous trompez si vous croyez que Java est gratuit.
Six ans après le rachat de Sun Microsystems, l’entreprise qui a développé Java, Oracle procède activement aux audits de clients et partenaires qui ne respecteraient pas ses licences. D’après le quotidien The Register, au cours du second semestre 2016, un nombre croissant d’entre eux a été contacté par la firme de Larry Ellison qui prétend qu’ils sont en violation des clauses d’utilisation de Java.
D'énormes sommes d'argent sont en jeu, plusieurs dizaines et centaines de milliers de dollars selon le client, et Oracle a renforcé sa division LMS (License Management Services) pour veiller à ce que les entreprises en violation des licences Java puissent s’acquitter des sommes dues. Une vingtaine de personnes auraient été recrutées par Oracle, au niveau mondial, rapporte The Register.
Pour les partenaires d’Oracle, c’est comme un coup de poignard dans le dos de constater qu’Oracle essaie de leur soutirer de l’argent alors que leur mission est de promouvoir ses produits. «Oracle cible ses partenaires. Cela met les gens en colère parce qu'ils aident Oracle », explique Craig Guarente, PDG et fondateur de Palisade Compliance, un fournisseur indépendant de licences logicielles Oracle.
Mais Java est-il gratuit ou non ? Et d’où vient le problème ?
Java SE, qui est concerné ici, est-il gratuit ? La réponse est oui… et non. Et le problème vient du fait qu’il est parfois difficile de faire la distinction entre un produit Java SE gratuit et un autre qui est payant. En effet, sous l’appellation Java SE, on note trois autres offres : Java SE Advanced Desktop, Java SE Avdanced et Java SE Suite. Java SE est gratuit, mais pas les autres. Et la gratuité de Java SE est valable dans le cadre de l’informatique « à usage général », ce qui reste tout de même un peu vague malgré quelques définitions qu’Oracle tente de donner. Il faut également préciser que par rapport au Java SE gratuit, Java SE Advanced Desktop, Java SE Avdanced et Java SE Suite offrent des fonctionnalités supplémentaires.
Dans un document sur les différents produits Java SE, Oracle indique que « Java SE peut être utilisé gratuitement en interne pour exécuter des applications et peut être redistribué conformément à l'Oracle Binary Code License Agreement pour les produits de la plateforme Java SE (Java BCLA). Le Java BCLA doit être accepté par vous avant le téléchargement ». Le problème, comme Oracle le précise également, est que la société ne « fournit pas de programme d'installation qui correspond directement à Java SE, à Oracle Java SE Advanced, à Oracle Java SE Advanced Desktop ou à Oracle Java SE Suite. Selon le produit, un ou plusieurs paquets doivent être téléchargés. » Et pourtant, certains des paquets installent des fonctionnalités commerciales qui sont limitées à Oracle Java SE Advanced, Oracle Java SE Advanced Desktop ou Oracle Java SE Suite. Cela signifie que même si vous téléchargez gratuitement le programme Oracle Java SE sous le Java BCLA, vous devez payer les droits de licence appropriés si vous utilisez les fonctionnalités commerciales incluses dans ces paquets, puisque vous changez directement de profil.
« Si vous téléchargez Java, vous obtenez tout et vous devez vous assurer que vous installez uniquement les composants auxquels vous avez droit et vous devez supprimer ceux que vous n'utilisez pas », ajoute un autre expert en conformité. Il estime que « l’usage général » dont parle Oracle est vaguement défini, ce qui serait source de beaucoup de différends. « Dès le moment où vous, en tant qu'organisation, livrez quelque chose où Java est distribué aux utilisateurs finals (quelque chose que de plus en plus d'entreprises font en distribuant des applications à travers lesquelles les clients peuvent obtenir des produits et des services), ce n'est pas un usage général … et Oracle veut se faire de l'argent à partir de cela », dit-il.
D’après Guarente, ce n’est pas le seul problème. Le fait est que beaucoup de gens « ne sont pas au courant. Ils pensent que Java est gratuit - parce que c'est open source, donc ils peuvent l'utiliser. Ce n'est pas que les contrats ne sont pas clairs ; il y a un malentendu à la base », dit-il.
À quoi s’attendre en 2017 et quelles précautions prendre ?
Craig Guarente s’attend à ce qu’Oracle fasse plus de pression en 2017. « Toutes les tendances indiquent que l'équipe d'audit LMS d'Oracle est plus agressive et cherche à générer plus de revenus que l'an dernier ou l'année précédente. Je ne pense pas que 2017 va voir un Oracle plus gentil et plus doux », a-t-il affirmé.
Les experts recommandent donc d’être maintenant extrêmement prudents lors du téléchargement de Java SE. Ce qui veut dire que vous devez êtes sûrs d’installer uniquement les composants auxquels vous avez droit et supprimer les autres. Si vous avez déjà installé Java SE, il est donc recommandé de vous assurer que vous en faites une utilisation appropriée. Dans le cas contraire, vous devez vous préparer avant que la firme de Larry Ellison vous interpelle.
Sources : The Register, Produits Java SE et licences
Et vous ?
Qu’en pensez-vous ?
Voir aussi :
Copie des API Java dans Android : Oracle saisit la Cour d'appel US pour le circuit fédéral, après le verdict rendu en faveur de Google
Oracle VS AFPA : le TGI de Paris estime que l'éditeur est de mauvaise foi et déloyal, dans l'affaire de licence logicielle qui l'oppose à l'AFPA
NetBeans : Oracle souhaite passer la gestion de l'EDI Java open source à Apache, une proposition a été soumise par le géant des bases de données
Java : Oracle poursuit désormais les entreprises en violation de ses licences
Pour réclamer le paiement de frais
Java : Oracle poursuit désormais les entreprises en violation de ses licences
Pour réclamer le paiement de frais
Le , par Michael Guilloux
Une erreur dans cette actualité ? Signalez-nous-la !