
d’après un rapport de l’Arcep
Face au succès de l’internet et ses usages multiples dans l’ère des objets connectés, l’espace d’adressage du protocole IPv4 a atteint ses limites. Pour rappel, les adresses IP représentent pour les dispositifs connectés à Internet ce que représentent les numéros de téléphone pour les téléphones. Elles leur permettent de communiquer avec les sites web, les services Internet, et d’autres dispositifs. L’une des conséquences immédiates de l’épuisement du stock d’adresses IP disponibles est donc un possible dysfonctionnement de certaines catégories de services. Ce qui devrait faire pression sur les différents acteurs d’internet pour passer au protocole IPv6.
L’IPv6 permet en effet de remédier au problème d’épuisement des adresses IP avec un espace d’adressage quasi illimité, capable de répondre aux besoins actuels et anticipés. Il permet d’attribuer à chaque terminal ou nœud du réseau une adresse IP individuelle afin de le rendre accessible directement depuis n’importe quel point du réseau internet. Il offre en plus l’opportunité d’identifier plusieurs « objets matériels ou logiciels » au sein d'un terminal ou serveur donné. Au-delà de sa capacité d’adressage, l’IPv6 intègre de nouvelles fonctionnalités permettant par exemple de simplifier certaines fonctions de la couche réseau, telles que le routage et la mobilité, ou d’assurer nativement une meilleure sécurisation des échanges.
La transition vers le protocole IPv6 nécessite toutefois l'implication de l'ensemble des acteurs d'internet. En effet, une communication en IPv6 ne peut être effectuée que si toute la chaine technique, depuis le terminal jusqu'au fournisseur de contenus, adopte le protocole. Cette chaine technique sur internet fait intervenir, à différents niveaux, les fournisseurs d'accès internet (fixes et mobiles), les fournisseurs de contenus, les intermédiaires techniques, les équipementiers et l'infrastructure DNS. Il faut également noter que les FAI ont un rôle important à jouer dans cette transition.
Dans le cadre du suivi de l'évolution dans le temps de l’adoption de l’IPv6, l’Arcep (Autorité de régulation des communications électroniques et des postes) a récemment publié un rapport sur la France. La conclusion est que les fournisseurs d’accès internet sont les acteurs d’internet qui retardent la transition vers la nouvelle version du protocole IP. Pour ce premier rapport, l'Arcep a essentiellement eu recours à des données produites et mises à disposition par des tiers, pour compléter une enquête qu’elle a réalisée auprès des équipementiers.
D’après l’enquête de l’Arcep, 100 % des équipementiers réseau sont compatibles avec l’IPv6. Ce taux est de 56 % pour les fournisseurs de contenus, d’après l’observation de Cisco. Il s’agit ici du taux de sites web accessibles en IPv6 parmi les sites web les plus visités en France. Il faut également noter que le taux d’intermédiaires techniques utilisant IPv6 en France est de 70 %, alors que les infrastructures DNS sont quant à elles compatibles à 60 %.
Du côté des fournisseurs d’accès internet, le taux d'utilisation d'IPv6, tel qu'observé par Google, est de 13 % seulement pour l’internet fixe. Pour l’internet mobile, le taux d’utilisation de l’IPv6 est nul.
L’Arcep note toutefois que les FAI ont un rôle important à jouer dans la transition vers l’IPv6. Par exemple, lorsqu’Orange a adopté l’IPv6 au début de cette année, le taux d’utilisation de la nouvelle version du protocole est passé de moins de 6 % en France à plus de 13 % aujourd’hui.
Au niveau des principaux réseaux fixes par contre, c’est Free qui enregistre le plus fort taux d’utilisation d’IPv6 avec 24 %, en tant que premier opérateur fixe majeur à proposer une connectivité IPv6 à ses clients, soit depuis 2007. Orange vient en seconde position, avec un taux d’utilisation d’IPv6 de 16 % enregistré sur son réseau fixe. Bouygues Telecom et SFR sont respectivement à 1 % et 0,5 % chacun. Sur les réseaux mobiles par contre, aucun opérateur en France n'a entamé la transition vers IPv6.
Par rapport aux autres pays d’Europe, la France est beaucoup moins avancée dans la transition vers l’IPv6 que la Belgique (47 % de taux d’utilisation), mais aussi que l’Allemagne (27 %), la Suisse (27 %), le Portugal (17 %) ou encore le Royaume-Uni (16 %). La France fait toutefois beaucoup mieux que l’Italie (1,03 %) et l’Espagne (0,12 %). Comme le montre le graphique suivant, les couleurs les plus foncées indiquent une plus forte utilisation de l’IPv6.
Il s’agit de la première version de l’Observatoire de la transition vers IPv6 en France. Une version plus enrichie sera publiée en 2017, en incluant des données et informations que l'Arcep aura recueillies directement auprès des principaux FAI en France.
Source : Arcep
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