Freedom House a rendu disponible l’édition 2016 de son rapport en matière de liberté sur internet. L’ONG y explique notamment que, globalement, la liberté sur internet a diminué pour la sixième année consécutive. Les gouvernements ciblent de plus en plus les applications de messagerie comme WhatsApp et Telegram qui permettent de diffuser des messages dans un canal sécurisé grâce au chiffrement de bout en bout par exemple, ce qui rend la tâche difficile aux États qui souhaitent contrôler les informations diffusées ou surveiller des individus.
Elle affirme également que les utilisateurs des médias sociaux sont confrontés à des sanctions sans précédent étant donné que les autorités de 38 pays ont procédé à des arrestations basées sur les diffusions sur des médias sociaux au cours de la dernière année. « Les utilisateurs dans certains pays ont été mis derrière les barreaux simplement pour avoir "aimé" un contenu offensant sur Facebook ou alors pour ne pas avoir dénoncé les messages critiques qui leur ont été envoyés par d'autres. Les infractions qui ont conduit à des arrestations vont de la moquerie du chien de compagnie du roi en Thaïlande à la “propagation de l'athéisme” en Arabie saoudite ».
À l'échelle mondiale, 27 % de tous les utilisateurs d'Internet vivent dans des pays où des personnes ont été arrêtées pour avoir publié, partagé ou simplement aimé le contenu sur Facebook
« L'augmentation des contrôles montre l'importance des médias sociaux et de la communication en ligne pour faire progresser la liberté politique et la justice sociale. Ce n'est pas un hasard si les outils au centre de la répression actuelle ont été largement utilisés pour responsabiliser les gouvernements et faciliter les conversations non censurées. Dans plusieurs pays, les autorités ont même recouru à la fermeture de tout accès à Internet à des moments politiquement controversés, uniquement pour empêcher les utilisateurs de diffuser des informations via les médias sociaux et les applications de communication, avec des conséquences sociales, commerciales et humanitaires incalculables », a noté le rapport.
Les gouvernements ont élargi la censure qui couvre une diversité croissante de sujets et d'activités en ligne. Les sites et les pages via lesquels des pétitions ou des appels à manifestation ont été censurés dans plus de pays qu'auparavant. Il en va de même pour ceux qui font la promotion des opinions des groupes d'opposition politique. « De plus en plus de contenus et sites web traitant des questions LGBTI (lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et intersexuelles) ont été bloqués ou dévalorisés sur le plan moral. La censure des images - contrairement à l'écrit - s'est intensifiée, probablement en raison de la facilité avec laquelle les utilisateurs peuvent maintenant les partager, et du fait qu'elles servent souvent de preuves irréfutables d'actes répréhensibles officiels ».
Au nom de la sécurité nationale, certains gouvernements ont voté des lois qui limitent la vie privée et autorisent la surveillance de masse. « Cette tendance a été observée aussi bien en pays démocratique qu’en pays non démocratique et a souvent conduit à des débats relatifs à la mesure dans laquelle les gouvernements devraient avoir accès aux communications chiffrées via des portes dérobées ».
Les notes données aux pays vont de 0 à 100, 0 représentant une plus grande liberté et 100 le contraire. Sur les 65 pays étudiés (sur les 193 dans le monde qui sont reconnus par l’ONU), l’Estonie et l’Islande s’en sortent avec 6 points chacun, prenant ainsi la tête du classement. La France s’empare de la huitième place avec 25 points, derrière le Royaume-Unis (23 points), le Japon (22 points) et l’Australie (21 points).
Même si l’Hexagone figure toujours parmi les pays qui offrent aux habitants une liberté sur internet, le rapport note que la liberté a reculé puisqu’en 2014 la France avait 20 points et en 2015 elle en avait 24, soit un recul de 5 points en deux ans. Le rapport évoque entre autre l’état d’urgence décrété par le président de la république suite aux attentats qui a agrandit de façon significative les pouvoirs des autorités en matière de perquisition électronique sans consultation préalable d’un juge. De nouvelles lois ont également conduit à cette note.
La Chine est bonne dernière du classement avec 88 points. Avant elle figurent la Syrie (87 points), l’Iran (87 points) et l’Ethiopie (83 points). Au total, 17 pays permettent de jouir d’une bonne liberté sur Internet, 28 autorisent un exercice partiel des libertés et les 20 derniers sont considérés comme liberticides sur internet.
Source : Freedom House
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Même si elle occupe la huitième place dans le baromètre Freedom House
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Le , par Stéphane le calme
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