En 1999, David Dunning et Justin Kruger, qui étaient alors tous les deux au département de psychologie de l’université Cornell (une université privée américaine située dans la ville d'Ithaca dans l’État de New York), ont publié les résultats d’une recherche dans un document intitulé « Unskilled and Unaware of It: How Difficulties in Recognizing One's Own Incompetence Lead to Inflated Self-Assessments » (inqualifié qui ne le réalise pas : comment les difficultés à reconnaître son incompétence personnelle conduisent à des auto-évaluations gonflées).
En préambule du document, nous pouvons lire « les gens ont tendance à avoir des opinions trop favorables de leurs capacités dans de nombreux domaines sociaux et intellectuels. Les auteurs suggèrent que cette surestimation se produit en partie parce que les personnes qui ne sont pas qualifiées dans ces domaines ont un double fardeau : non seulement ces personnes tirent des conclusions erronées et font des choix malheureux, mais en plus leur incompétence les prive de la capacité métacognitive de le réaliser ».
Pour arriver à cette conclusion, ils sont passés par une série de quatre études qui ont montré qu’il arrive à des personnes médiocres dans des domaines de se croire excellentes. Parlant de ces personnes, les auteurs ont indiqué que « bien que les résultats des tests les plaçaient dans le 12ème percentile, ils estimaient être dans le 62ème percentile ».
« Je suppose que ce document a donné la parole à une observation que les gens font au sujet de leurs pairs mais qu'ils ne savent pas comment exprimer », a commenté Dunning. Même si certaines critiques ont réduit le document à « les gens stupides sont tellement stupides qu’ils ne réalisent pas qu’ils sont stupides », Dunning a expliqué que « l'effet Dunning-Kruger, comme on l'appelle, propose d’arrêter de s'inquiéter de ses propres certitudes et non des certitudes des autres ».
D’ailleurs, après la publication de ce document, des livres comme « How chronic self-views influence (and potentially mislead) estimates of performance » (comment la façon dont les opinions chroniques de soi influencent -en induisant potentiellement en erreur- les estimations de la performance) sont sortis pour faire comprendre que pour remédier à cet état, il fallait apprendre aux gens comment mieux s’auto-évaluer (bien que, dans leurs exemples spécifiques qui ont été pris dans ce livre, cela revenait à leur enseigner la compétence qu’ils essayaient d’évaluer).
Est-ce que le document publié par David Dunning et Justin Kruger était vraiment choquant ? Probablement pas. Par exemple, il est assez répandu de voir des individus s’évaluer comme étant au-dessus de la moyenne dans de nombreux domaines. S’il vous était posé la question de savoir si vous estimez que vos œufs au plat sont au-dessus de la moyenne, que seriez-vous tenté de répondre ? Et comment noteriez-vous vos compétences en informatique ? Un cran au-dessus de la moyenne ?
Rappelons aussi que, selon le principe de Peter, « dans une hiérarchie, tout employé a tendance à s'élever à son niveau d'incompétence », avec pour corollaire « qu'avec le temps, tout poste sera occupé par un employé incapable d'en assumer la responsabilité ».
Source : document de David Dunning et Justin Kruger(au format PDF)
Près de deux décennies plus tard, ces observations sont-elles encore vérifiées ?
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Trolldi : pourquoi les incompétents se croient-ils géniaux ?
Avez-vous déjà rencontré ce cas de figure dans votre travail ?
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Le , par Stéphane le calme
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