Google vient de manière officielle de rejeter les accusations de la Commission européenne dans le cadre de l’enquête antitrust concernant son service de comparaison de prix, Google Shopping.
En avril 2015, Margrethe Vestager, la commissaire européenne à la concurrence, a envoyé un acte d’accusation contre Google Shopping, faisant part de son avis préliminaire selon lequel Google abuse de sa position dominante en favorisant son propre produit de comparaison de prix dans ses pages de résultats de recherche générale au sein de l’Espace économique européen. Après une première réponse de Google, la Commission a envoyé des éléments supplémentaires en juillet dernier, pour soutenir ses accusations contre Google.
Répondant à la Commission le 3 novembre, Google explique que les charges « reposent toujours sur une théorie qui ne correspond pas à la réalité de la façon dont la plupart des gens achètent en ligne. » Le géant de la recherche estime que « les allégations sont erronées sur une base factuelle, juridique et économique » et que les actions de la société étaient dirigées par ses utilisateurs plutôt que par un plan visant à écraser les rivaux.
Pour Google, la Commission européenne omet un grand acteur du marché : Amazon
Le géant de la recherche en ligne estime que la Commission européenne s’est donnée une définition tellement restreinte des services d’achats en ligne qu’elle n’a pas pris en compte Amazon, qui est de loin le leader dans le domaine, mais également d’autres plateformes comme eBay, Facebook ou encore Pinterest.
Dans sa réponse, Google a indiqué que le domaine des achats en ligne est « solidement compétitif », avec de nombreuses évidences que « Google et de nombreux autres sites sont à la traine derrière Amazon, de loin le plus grand acteur du domaine », a avancé Kent Walker, Senior Vice-Président et avocat général de Google.
D’après Kent Walker, les consommateurs ne cherchent pas seulement des produits sur un moteur de recherche, mais « ils atteignent les sites marchands de différentes manières : via des moteurs de recherche généraux, des services de recherche spécialisés, des plateformes marchandes, des sites de médias sociaux et des annonces en ligne diffusées par diverses sociétés. Et bien sûr, les commerçants atteignent directement les consommateurs comme jamais auparavant », dit-il.
Depuis avril 2015, au moment de la première communication de griefs envoyée par la Commission européenne, Kent Walker dit que Google a obtenu des données qui confirment sa déclaration. Il cite en effet une récente étude qui montre qu’en Allemagne, Amazon est le point de départ pour de nombreux acheteurs en ligne. « Un tiers des consommateurs en ligne vont d'abord sur Amazon, indépendamment de l'endroit où ils font finalement leurs achats » dit-il, alors que « seulement 14,3 % vont d'abord sur Google, et seulement 6,7 % sur les sites de comparaison de prix », a-t-il ajouté. Et de poursuivre qu’une « récente étude américaine montre des résultats similaires : 55 % des consommateurs américains commencent leurs achats en ligne sur Amazon, 28 % sur les moteurs de recherche, et 16 % vont directement aux détaillants individuels. »
Google continue pour montrer que c’est Amazon le plus fort dans le domaine, insinuant par ailleurs que le géant de l’e-commerce serait celui qui fait baisser le trafic des sites de comparaison de prix et par conséquent, Google ne peut être accusé d’abus de position dominante :
« La Commission affirme également que les consommateurs ne vont pas à Amazon pour comparer les caractéristiques et les prix des produits. Mais Amazon fournit des outils pour faire exactement cela, ainsi que la possibilité d'acheter des produits et de les faire livrer le lendemain, ce qui fait d'Amazon un concurrent encore plus fort. Il n'est pas surprenant que lorsque Amazon et d'autres nouveaux concurrents sont arrivés dans les pays européens, le trafic vers des sites offrant uniquement la comparaison des prix a baissé.
Il n'y a tout simplement pas de corrélation significative entre l'évolution de nos services de recherche et la performance des sites de comparaison de prix. Pendant ce temps, une quantité croissante de trafic est passée de nos pages de recherche à des sites populaires comme Amazon et eBay alors qu'ils se sont développés en Europe. »
Pour conclure, Google affirme ne pas pouvoir pas accepter un cas qui manque de preuves et limiterait sa capacité à servir ses utilisateurs, « juste pour satisfaire les intérêts d'un petit nombre de sites Web ». Le géant de la recherche en ligne dit toutefois être disposé à poursuivre les discussions et travailler avec la Commission pour résoudre les problèmes soulevés.
La Commission européenne prend acte de la réponse de Google
Dans un email envoyé à Reuters, Ricardo Cardoso, le porte-parole de la Commission commente la déclaration de Google : « Dans chaque cas, nous examinerons attentivement la réponse de Google avant de prendre toute décision sur la façon de procéder et ne pouvons pas à ce stade préjuger le résultat final de l'enquête ».
En rejetant les accusations, Google ouvre la voie permettant à la Commission européenne de statuer sur la question dès l’année prochaine. Si la firme est reconnue coupable, elle pourrait se voir infliger une lourde amende, qui pourrait atteindre 7,4 milliards de dollars, soit 10 % de son chiffre d'affaires mondial, juste pour le cas Google Shopping.
Pour les autres cas, Kent Walker affirme que Google a également envoyé sa réponse pour l’enquête antitrust portant sur son service AdSense et que dans les prochains jours, la firme répondra également pour le cas Android.
Sources : Reuters, Kent Walker
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Voir aussi :
antitrust : Bruxelles sur le point d'infliger une lourde amende à Google pour abus de position dominante avec Android
Antitrust : Google rejette les accusations d'abus de position dominante avec son comparateur de prix
Et affirme qu'Amazon est un concurrent plus fort
Antitrust : Google rejette les accusations d'abus de position dominante avec son comparateur de prix
Et affirme qu'Amazon est un concurrent plus fort
Le , par Michael Guilloux
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