Le ministère de l’enseignement supérieur, les organisations étudiantes et les présidents d'université ont finalement trouvé un accord dans l’après-midi du mardi 4 octobre, pour la mise en place de la sélection à l’entrée du master dès la rentrée 2017.
Pour rappel, depuis la mise en place du dispositif LMD en 2002, le diplôme de master avait vocation à sanctionner une formation de deux ans et à remplacer les diplômes préexistants de maîtrise, de DEA et de DESS. Mais la sélection qui existait à l'entrée du DEA et du DESS a été conservée et se retrouve désormais au milieu du master. Cette incohérence ne permet pas de mettre en place une véritable réforme, et plusieurs tentatives de mettre en place une sélection à l’entrée du master ont échoué.
Pour mener à bien son projet, la ministre de l’Éducation nationale Najat Vallaud-Belkacem a lancé le dialogue avec les différents acteurs. Ces négociations opposaient notamment la Conférence des présidents d’université (CPU) aux organisations étudiantes. Si les présidents d’université militaient pour la sélection pure et dure (où l’on se contente de prendre uniquement les meilleurs sans se soucier des candidats malheureux), les organisations étudiantes, quant à elles, voulaient que les universités donnent la chance à tous leurs membres de poursuivre des études en master, quitte à faire exploser leurs capacités d’accueil. Les différents protagonistes ont toutefois fini par trouver un terrain d’entente. Mais lequel ?
Si Najat Vallaud-Belkacem préfère utiliser le terme « recrutement », dans les faits, il s’agit toujours d’une sélection. Les universités vont « recruter » en première année de master leurs étudiants, selon des critères précis, en se fondant sur le dossier des candidats et leurs capacités d’accueil. Mais pour que cette réforme soit acceptée, les organisations étudiantes ont obtenu un « droit à la poursuite d’études », en vertu duquel les étudiants recalés devraient recevoir trois propositions alternatives pour poursuivre leur formation. L’idée est de veiller à ce que les étudiants qui le désirent ne se retrouvent pas sans formation après leur licence, car comme la dit la ministre le mois dernier, « on ne peut en effet pas abandonner les étudiants qui veulent continuer après la licence, alors que ce diplôme ne suffit pas à s'insérer dans le monde professionnel ».
Il s’agit donc d’accompagner les étudiants qui ne seront pas sélectionnés à un master. Les universités seront donc tenues de faire trois propositions de formations à ces derniers, en tenant compte de leurs projets professionnels, afin d’assurer une certaine cohérence dans leur parcours universitaire. Il faut également noter qu’au moins une de ces trois formations doit être proposée dans l’université de l’étudiant recalé ou dans les environs, au sein de sa région académique.
Dans le cas où l’étudiant recalé doit s’installer dans une autre région pour poursuivre un master, un fonds spécifique lui sera alloué sous forme de bourse ou prime d’installation en fonction de critères sociaux. Il s’agit donc d’une aide à la mobilité qui devrait servir à assurer ses frais de déménagement. Le site d’informations français Mediapart, qui a donné les détails de l’accord, ne précise pas cependant si cette aide à la mobilité concerne uniquement les étudiants recalés.
Il faut également noter que le ministère de l’Éducation compte aider les étudiants recalés dans leur démarche d’orientation, à travers la mise en place d’une plateforme baptisée « trouvermonmaster.gouv.fr ». Il s’agira d’un site qui devrait fournir aux étudiants des informations sur des masters, entre autres la description des masters, les pièces administratives nécessaires à la constitution d’un dossier de candidature, le calendrier des procédures d’inscription et sa capacité d’accueil.
Le texte intitulé « Réforme du cursus conduisant au diplôme national de master » a été signé par les différentes parties et sera transformé en un arrêté, un décret et une loi, qui devrait être publiée avant la fin de l’année. S'il donne aux établissements universitaires toute latitude pour fixer les modalités d’accès aux masters (concours ou examen de dossier par exemple), leurs capacités d’accueil doivent être établies à l’issue d’un « dialogue avec l’État ».
Dans un souci de transparence, les décisions de rejet des candidatures à l’entrée au master devront être motivées et communiquées aux étudiants. Ce dernier point est particulièrement apprécié par Lilâ Le Bas, déléguée générale de l’Union nationale des étudiants de France (UNEF). « Il n’y a jamais eu aucune information sur les critères de refus d’accès à certains M2 », dit-elle. « Cela devrait changer et mettre fin à ce système de sélection élitiste et absurde. » Elle estime que « le droit à la poursuite d’études jusqu’à l’obtention du M2 reste la meilleure protection pour les étudiants » et « relance une étape de démocratisation de l’accès à l’enseignement supérieur ».
Il faut toutefois noter que dans la réforme du master, des exceptions ont été autorisées pour certaines filières, comme la psychologie ou le droit. Ces filières continueront de fonctionner selon la procédure actuelle, à savoir une sélection entre la première et la seconde année de master.
Source : Mediapart (l’accès au contenu complet est payant)
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Avec un « droit à la poursuite d'études » pour les étudiants
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Le , par Michael Guilloux
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