Dans un contexte relativement tendu aux États-unis sur la question de la violence policière faites sur les minorités, un groupe de San Francisco a lancé un outil pour collecter et rapporter des données sur le sujet. Bayes Impact, une start-up à but non lucratif dont l’objectif est d’appliquer l'analyse de données à des problèmes de société, a lancé une plate-forme web que tous les services de police de la Californie doivent utiliser pour enregistrer chaque fois qu'un agent est impliqué dans un incident « d’usage de la force ». Il faut préciser que l'État de Californie définit « l’usage de la force » comme étant un tir ou un assaut qui entraîne la mort ou des blessures graves.
Les développeurs de cet outil l’ont présenté comme étant le premier ensemble de données de son genre à être déployé au niveau de l'État dans tout le pays, un modèle donc pour d'autres Etats. Il n’existe pas une base de données au niveau de l’État fédéral qui collectent des données de l’usage de la force, encore moins une définition standard de l’usage de la force. Pour les plus critiques envers les forces d l’ordre, il s’agit là d’un grand pas vers une meilleure responsabilisation de la police.
Baptisé URSUS, l’outil comporte des champs où sont renseignés la race de la personne qui a été blessé ainsi que les officiers concernés, comment l’interaction a commencé et pourquoi l’usage de la force a été jugée nécessaire.
Bayes Impact, qui travaille en collaboration avec le département de la justice de Californie, espère faciliter le rapport des données par les départements et l’analyse par les États. URSUS a été développé dans le cadre d’un projet open source et l’État de Californie va partager le code avec les autres États intéressés sur le reste du territoire. « Il permet d’associer la technologie et la politique ensemble », a déclaré Eric Liu, le directeur exécutif de Bayes Impact. « Nous fournissons des outils afin que les services de police puissent recueillir et communiquer cette information »
Les services de police ont commencé à utiliser d'autres technologies, comme les caméras placés sur le corps, afin de rendre les policiers et les civils plus responsables de leurs actes. La population a également eu recours à d’autres outils comme les captures de vidéos sur des téléphones qui ont été diffusées sur des réseaux sociaux comme Facebook pour sensibiliser sur les bavures policières.
Pour Jim Burch, vice-président des initiatives stratégiques à la Police Foundation, cet outil marque le début d’une force de police plus transparente. « À des fins de compréhension de ces incidents et pour être en mesure de les prévenir dans le futur, nous avons besoin de collecter plus de détails ».
Seuls trois autres États, notamment le Texas, le Colorado et le Connecticut, requièrent que les départements de police gardent une trace des données d’usage de la force, mais leurs systèmes ne sont pas numérisés. De plus, pour le cas du Colorado, seules les données relatives aux tirs des policiers sur les civils sont enregistrées, selon la Conférence nationale des législatures d'État.
Pour le procureur général de Californie Kamala Harris, « en tant que pays, nous devons nous engager dans une conversation honnête, transparente et axée sur les données sur l'utilisation de la force par la police ».
Cette initiative de la Californie survient après que le FBI a fait d’une telle collecte de données une priorité suite à un certain nombre de cas où des officiers de police étaient impliqués dans le décès d’homme afro-américain non armés dans le pays. L’année dernière, le directeur du FBI James Comey a exprimé sa frustration quant à l'absence de données nationales concernant le recours à la force et a expliqué qu’un tel ensemble de données va « dissiper les malentendus, favoriser la responsabilisation et promouvoir la transparence ».
Sur Ursus, chaque fois qu’il y aura un usage de la force, un responsable ou un superviseur va répondre à une série de questions sur le système qui peut être consulté sur ordinateur comme sur dispositif mobile et va envoyer des données au ministère de la Justice. Cette information sera alors automatiquement téléchargé sur le portail Open Justice, un portail web affichant des données relatives à la justice pénale née d’une initiative de l’État de Californie pour un besoin de transparence.
Le service de police à Indio, en Californie, fait partie de la douzaine d’agences californiennes qui ont testé Ursus avant le lancement il y a quelques jours. Le sergent Dan Marshall a déclaré qu'il apprécie la cohérence et la transparence que le système offre à son département qui est composé de moins de 100 officiers.
Pour Patrisse Cullors, co-fondatrice de Black Lives Matter, « nous vivons dans une culture qui perpétue le racisme et nous devons être en mesure de vérifier ce racisme grâce à des données ». « Pour les personnes qui continuent de nier que les disparités raciales existent dans ce pays, ces données nous permettront de partager des faits durant des conversations autour d’un dîner ».
Du côté des forces de l’ordre, nombreux sont ceux qui sont persuadés que ces données vont montrer à quel point ces incidents sont rares, a expliqué Louis Dekmar, vice-président de l'Association internationale des chefs de police et chef du département de police de LaGrange en Géorgie.
Dès l'an prochain, le public sera en mesure d'accéder aux informations sur le portail Open Justice.
Source : Wall Street Journal
La Californie se dote d'un outil pour collecter les données relatives aux incidents
Suite à l'emploi de la force par la police
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Le , par Stéphane le calme
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