Le propriétaire du satellite, l’opérateur israélien Spacecom, voit partir en fumée le fruit de quatre ans de travail qui est décrit comme étant « le satellite le plus perfectionné et le plus cher jamais développé en Israël ». Le dispositif de 5,5 tonnes assemblé par l’industrie aéronautique israélienne aurait coûté la modique somme de 200 millions de dollars à en croire un Tweet de la Spaceflight Now.
Les dommages collatéraux à cette explosion ? Dans le cadre de son initiative Internet.org (désormais Free Basics) qui vise à développer l’accès à l’internet haut débit dans certains pays (notamment dans des pays comme le Nigéria, le Ghana, le Kenya, l’Éthiopie, le Zimbabwe, etc.), Facebook a signé un partenariat avec le Français Eutelsat en octobre 2015 pour utiliser la bande passante d’Amos-6. Les deux entreprises, qui ont signé un contrat s’étalant sur plusieurs années avec Spacecom, ont indiqué dans un communiqué qu’elles avaient l’intention de développer des systèmes dédiés, parmi lesquels des capacités satellitaires, des passerelles et des terminaux.
Selon Space News, qui a examiné les documents déposés par Spacecom à la Bourse de Tel-Aviv, le coût de la location conjointe revient à 95 millions de dollars sur cinq ans et inclut une disposition exigeant que Spacecom achète une police d’assurance couvrant spécifiquement les risques de Facebook et Eutelsat, en plus de sa propre assurance. Space News a également indiqué que Facebook et Eutelsat auraient chacun des polices d'assurance supplémentaires pour le satellite.
« La mission de Facebook est de connecter le monde et nous pensons que les satellites joueront un rôle important dans la lutte contre les obstacles majeurs qui empêchent de connecter les Africains à Internet » , avait alors expliqué Chris Daniels, vice-président de l'initiative Internet.org. dans le communiqué d'annonce.
Mark Zukerberg, qui se trouve actuellement sur le continent africain, a regretté l’explosion : « tandis que je suis ici en Afrique, je suis très déçu d’apprendre que l’échec de lancement du SpaceX a détruit notre satellite qui aurait fourni la connectivité à tellement d’entrepreneurs ainsi qu’à d’autres personnes sur le continent ».
Mais il ne s’avoue pas vaincu pour autant : « heureusement, nous avons développé d’autres technologies comme Aquila qui vont également permettre de connecter les gens. Nous restons engagés à notre mission de connecter tout le monde et nous allons continuer de travailler jusqu’à ce que tout le monde dispose des opportunités que ce satellite aurait fournies ». Rappelons tout de même qu'en février dernier, l'Inde avait banni Free Basics. L'Autorité indienne de régulation des télécommunications (TRAI), a adopté la loi Prohibition of Discriminatory Tariffs for Data Services Regulations qui stipule en partie que « aucun fournisseur de services ne doit offrir ou appliquer des tarifs discriminatoires pour les services de données sur la base du contenu ». Cette loi, qui a été adoptée en début d'année, est née suite aux initiatives de Facebook dans le pays.
Free Basics a été largement critiquée et accusée d'avoir violé les principes de la neutralité du net. En décidant quels services internet étaient inclus dans son offre gratuite et lesquels ne l'étaient pas, les critiques soutenaient que Facebook s'érigeait en gardien des services dits zero-rating (aussi appelés données sans frais ou données sponsorisées). En effet, Facebook lui-même occupe une place de choix dans l'application Free Basics, ce qui signifie que les Indiens peuvent accéder à Facebook sans avoir à payer de frais de données.
Source : Mark Zuckerberg (déclaration sur Facebook), Space News, communiqué de presse EutelSat
Voir aussi :
Free Basics, l'initiative d'accès gratuit à internet de Facebook court-elle à sa perte ? Après l'Inde, le service est également suspendu en Égypte