Après avoir longuement nourri le projet, les Britanniques ont finalement voté pour la sortie de l’Union européenne, un choix qui a été décrié par les entreprises de la technologie basées au Royaume-Uni. Il faut en effet noter qu’un sondage réalisé par Tech London Advocates a révélé que près de 90 % de ces entreprises étaient contre Brexit. Tech London Advocates est une coalition de leaders, experts et investisseurs du secteur de la technologie qui forment le groupe indépendant du secteur privé le plus influent de Londres. Les firmes internationales ayant des bureaux au Royaume-Uni - telles que Microsoft – ont également fait campagne contre ce mouvement. Quelles pourraient donc être les répercussions de Brexit sur le secteur de la technologie au Royaume-Uni et à l’étranger ?
Il faut de prime abord s’attendre à ce que la sortie du Royaume-Uni laisse une incertitude sur l’évolution des règlements au sein de l’Union européenne. Dans le secteur de la technologie, il s’agit notamment des accords sur les échanges transfrontaliers des données, la réglementation des technologies au sein de l’UE, mais également les questions telles que la surveillance et la confidentialité.
Étant plutôt souple vis-à-vis de la confidentialité des données, le Royaume-Uni fait partie des pays qui ont appelé à ne pas durcir la réglementation des technologies au sein de l’UE. Si la France et l’Allemagne ont quant à elles décidé de lancer des répressions contre les entreprises de technologie américaines comme Google pour leurs transgressions, leurs positions seraient encore plus fortes en l’absence du Royaume-Uni. Cela pourrait donc annoncer une réglementation plus durcie contre les entreprises de technologie. Mais cette réglementation durcie sera-t-elle bénéfique pour l’industrie de l’IT ? Là s’ouvre encore un autre débat.
Un autre point, mais qui serait surtout préjudiciable au Royaume-Uni s’il quitte l’Union européenne, serait sans doute les échanges transfrontaliers des données. De Safe Habor au Privacy Shield, les États-Unis et l’UE essaient surtout de trouver un terrain d’entente sur le traitement des informations personnelles des Européens détenues par des sociétés américaines. En sortant de l’Union, le Royaume-Uni sera dans le même bateau que les États-Unis. En effet, si les entreprises britanniques veulent traiter les données personnelles des employés et des clients sur le continent européen, le pays aura besoin de trouver un accord avec l’UE. Cela pourrait créer des barrières aux échanges de données entre le Royaume-Uni et l’Union européenne.
Il faut également noter que si le Royaume-Uni quitte l’Europe, ses programmes de surveillance de masse rendront plus difficile de trouver un accord sur les échanges de données avec l’Union européenne. On peut aussi se demander ce qu’il en sera des flux de données entre le Royaume-Uni et les États-Unis.
De manière générale, on assistera donc à une réglementation fragmentée qui ne serait probablement pas favorable au développement des entreprises de technologie au Royaume-Uni. Des conséquences désastreuses peuvent toutefois être évitées si le pays s’aligne sur les règlements de l’Union européenne. Ce qui ne peut pas être affirmé avec certitude. Le commissaire de l’information, le gardien de la vie privée du Royaume-Uni a en effet annoncé qu’avec la sortie du pays, les réformes de l’UE sur la vie privée ne s’appliquent pas directement au Royaume-Uni.
Côté emplois IT, les entreprises britanniques de la technologie et les entreprises technologiques étrangères avec des bureaux au Royaume-Uni émettent une inquiétude selon laquelle Brexit va fondamentalement nuire à la capacité de l'industrie de la technologie de recruter des travailleurs hautement qualifiés. Une bonne partie de ces derniers venant des autres pays de l’Europe. Sans l'approbation de l'UE pour laisser les travailleurs se déplacer librement entre les pays, les entreprises britanniques craignent une pénurie de travailleurs qualifiés. Il faudrait donc signer un accord pour résoudre ce problème.
Brexit pourrait encore rendre plus difficile pour les startups britanniques de trouver des financements. C’est l’une des principales raisons pour lesquelles l’industrie britannique de la technologie a exprimé son désaccord avec ce mouvement. Le mois dernier, Microsoft a d’ailleurs averti que Brexit allait décourager les investissements au Royaume-Uni.
Le Royaume-Uni aura probablement jusqu’en 2018 pour quitter officiellement l’Union européenne, le temps de définir avec l’UE les termes de sa sortie. Cela nous laisse donc deux ans pour mieux être situés sur les impacts de Brexit.
Sources : Fortune, The Washington Post
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Voir aussi :
Le bitcoin s'envole après le Brexit, la monnaie virtuelle prend de la valeur alors que les Britanniques décident de quitter l'Union européenne
Brexit : quelles conséquences sur le secteur de l'IT ?
Confidentialité et échange de données, réglementation des technologies et emploi
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Le , par Michael Guilloux
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